Par Mufoncol Tshiyoyo
Le Congo sous la coupe des Anglo-Saxons, mission accomplie pour Kagame, bravo !
La lutte de la perception
« Chaque génération, sans doute, se croit appelée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus imposante. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » – Frantz Fanon
Ce texte est une tentative audacieuse d’oser une pensée autre, en rupture avec les récits dominants. C’est une pensée libre, qu’Ignacio Ramonet appelait, à l’époque où il dirigeait Le Monde diplomatique, l’opposée de la « pensée unique ». Je comprends que l’exercice peut être ardu, que ses répercussions peuvent être sévères. Cependant, dans un monde où l’ignorance est habilement cultivée et qui met en péril notre existence en tant que nation, le silence se transforme en complicité. Le Congo vaut mieux que cela.
En imposant actuellement leur Pax americana, les États-Unis reconnaissent donc avoir causé la mort de Congolais par le biais de Kagame, Ruto, Museveni et d’autres. Les accords imposés font voler en éclats l’argument selon lequel les populations d’origine rwandaise seraient discriminées au Congo. Tout n’était que tromperie et manipulation.
Paul Kagame, le mercenaire rwandais, serait-il aujourd’hui discrédité, rejeté même par ses anciens maîtres ? La propagande est à son paroxysme. Cependant, rares sont ceux qui se posent la question inverse. Et si, à l’inverse, Kagame avait brillamment réalisé la tâche que lui avaient assignée les puissances anglo-saxonnes, à savoir les États-Unis et le Royaume-Uni ?
Une question dérangeante surgit : si Kagame a mis fin, sur ordre de Washington, à ce qui a longtemps été présenté comme « sa guerre » au Congo, ne faut-il pas conclure que ce conflit, prétendument “tutsi”, fut dès l’origine une construction, un prétexte monté de toutes pièces ? Si la directive de mettre fin aux hostilités provenait de Washington, n’est-ce pas une preuve irréfutable que les États-Unis ont constamment été les véritables déclencheurs de ce conflit ?
En imposant actuellement leur Pax americana, les États-Unis reconnaissent donc avoir causé la mort de Congolais par le biais de Kagame, Ruto, Museveni et d’autres. Les accords imposés font voler en éclats l’argument selon lequel les populations d’origine rwandaise seraient discriminées au Congo. Tout n’était que tromperie et manipulation. Autrement, pourquoi Kagame mettrait-il un terme à la guerre s’il n’était pas l’instrument d’un plan qui le surpasse ?
Dans la nouvelle Pax americana, les termes Tutsi et Banyamulenge ne sont plus mentionnés. Ce discours, ce texte politique, ce récit ethnique qui servait de justification à l’emprise sur le Congo est soudain abandonné par ceux-là mêmes qui l’avaient imposé.
On supprime. On réécrit. On change de sujet. Le discours sur la discrimination, rabâché pendant des années pour justifier l’intervention, n’est plus nécessaire. Ce qui comptait, ce n’était jamais la défense de minorités prétendument menacées : c’était le contrôle du Congo, de ses ressources, de son destin.
Ainsi se dévoile la véritable nature du mensonge d’État : un récit conçu pour servir un agenda précis, puis jeté une fois sa fonction remplie. Ce n’est pas le sort des Tutsi, des Banyamulenge ou des populations locales qui intéresse les architectes de cette domination, mais bien l’accomplissement d’un projet géopolitique, exécuté sans scrupules au prix du sang congolais.
Le Congo, proie désignée
« C’est facile de briser un homme. C’est difficile de le reconstruire. » – Nelson Mandela
Le Congo n’est pas un pays en guerre. Il est sous contrôle. Pris dans un étau, encerclé, pressuré jusqu’à l’étouffement. Ce n’est ni la fatalité, ni le poids de ses propres démons, mais l’exécution d’une stratégie pensée ailleurs, appliquée ici avec la participation de certains de ses propres fils, devenus relais dociles.
Le but visé a été réalisé. Le Congo s’effondre, tel un insecte dans une soupière…Tout un front de prédation méthodiquement coordonné. Le Rwanda de Kagame, l’Ouganda de Museveni, le Kenya de Ruto : tous ont scrupuleusement suivi la feuille de route. Essouffler le Congo. Le presser de toutes parts. Tuer à la carte, à la demande. Jusqu’à ce qu’il s’effondre, exsangue, dans les bras de ses bourreaux.
Chaque fois qu’un Congolais meurt dans les collines du Kivu, chaque fois qu’un enfant fuit une école incendiée ou qu’un village disparaît, ce n’est pas seulement Kagame qui agit. C’est un système de domination à bien plus grande échelle. Des desseins froidement orchestrés par des puissances étrangères, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ne lâchent jamais leur proie une fois leurs crocs enfoncés. Cette vérité est tue. Les élites congolaises, recrutées pour la besogne, refusent de voir cette réalité. À la place, elles relaient des récits falsifiés et des narrations recyclées, où le Congo n’est qu’un théâtre de querelles ethniques.
Cependant, le but visé a été réalisé. Le Congo s’effondre, tel un insecte dans une soupière. Des intermédiaires tels que les Kényans, les Ougandais, les Rwandais et les Angolais l’ont saigné à blanc. Tout un front de prédation méthodiquement coordonné. Le Rwanda de Kagame, l’Ouganda de Museveni, le Kenya de Ruto : tous ont scrupuleusement suivi la feuille de route. Essouffler le Congo. Le presser de toutes parts. Tuer à la carte, à la demande. Jusqu’à ce qu’il s’effondre, exsangue, dans les bras de ses bourreaux.
Tout cela pour qui, au juste ? Pour quelle raison ? Pour que le Congo demeure dans l’orbite des puissances anglo-saxonnes. Pour que ses richesses continuent d’alimenter ceux qui ne le perçoivent que comme une mine à ciel ouvert.
La pièce maîtresse américaine : preuve par Bernard Debré
« Une civilisation qui prouve son impuissance à justifier moralement son fonctionnement doit être jugée moralement. » – Aimé Césaire
Nul ne peut accuser Bernard Debré, ancien ministre français de la Coopération, médecin, député à l’Assemblée nationale, frère de Jean-Louis Debré, d’être un militant congolais ou de réduire ses propos à ceux d’un chercheur africain. Lui, c’est un homme du système. Un homme qui sait. Un homme qui a vu.
Pourquoi les élites congolaises refusent-elles de nommer explicitement Museveni, Ruto et leurs complices comme coresponsables de cette tragédie ? À qui profite ce silence ? La réponse est simple : personne ne veut voir la vérité. Ni les élites locales, trop souvent corrompues ou intimidées, ni les puissances étrangères, qui cultivent volontairement l’ambiguïté pour maintenir leur emprise.
Dans sa déposition du 2 juin 1998, Debré affirmait sans détour :
« Il est également reconnu que des militaires US ont aidé l’armée de Kigali à conquérir le Kivu puis la totalité du Zaïre. »
Ce n’est ni rumeur, ni hypothèse, mais une déclaration solennelle d’un haut responsable politique français. Il va plus loin : dans son livre Le Retour du Mwami (Éditions Ramsès, 1998), Debré confirme que des marins américains sont morts au Kivu lors des combats. Il déclare que leurs corps ont été discrètement évacués puis rapatriés aux États-Unis, dans la plus stricte confidentialité.
Alors, posons les questions qui fâchent :
Pourquoi ces soldats américains étaient-ils présents sur le sol congolais, sinon pour appuyer ces relais régionaux dans leur offensive ? Pourquoi les élites congolaises refusent-elles de nommer explicitement Museveni, Ruto et leurs complices comme coresponsables de cette tragédie ? À qui profite ce silence ?
La réponse est simple : personne ne veut voir la vérité. Ni les élites locales, trop souvent corrompues ou intimidées, ni les puissances étrangères, qui cultivent volontairement l’ambiguïté pour maintenir leur emprise. Nommer ces acteurs, ce serait briser la narration dominante, celle qui réduit le Congo à un conflit interne, ethnique, chaotique. Tant que ces vérités resteront étouffées, le combat pour la souveraineté congolaise continuera.
L’élite congolaise complice : la bourgeoisie du luxe et de l’oubli
« Vous ne pouvez pas séparer la paix de la liberté, car personne ne peut être en paix tant qu’il n’est pas libre. » – Malcolm X
On commence par recruter une jeunesse issue des couches bourgeoises “mobutistes”. Héritière de la Seconde République, cette jeunesse-élite n’est pas née de la guerre. Elle est née du confort. Elle a grandi dans les salons de la diplomatie molle, les villas cossues, les clubs fermés et les écoles européennes. Elle a bu aux sources de l’idéologie du luxe, du statut et de la déconnexion. Elle vit hors de la douleur collective, mais bien au cœur des circuits d’aide, de bourses et de financements orientés (USAID). Pour elle, le Congo n’est pas une nation à défendre, mais un passeport à valoriser, un capital à exploiter, une rente à préserver.
Le silence règne là où la parole devrait s’élever. La peur triomphe là où la souveraineté exigerait du courage. Et chaque jour qui passe sans que ces questions soient publiquement posées est un jour de plus de soumission nationale.
De cette bouche, un seul slogan : “Le Congo est un scandale géologique.” Autrement dit : il est à vendre. Tous ceux qui ne voient du Congo que son sous-sol — cobalt, cuivre, coltan — deviennent esclaves d’un nouveau type, incapables de sonder la profondeur d’un peuple, d’une histoire, d’une mission. Hier, leurs parents servaient l’Amérique ; aujourd’hui, les enfants sont fascinés par le modèle américain, le mythe du développement occidental, l’adoration des signes extérieurs de réussite. Formée non à la lutte, mais à l’attente, cette élite n’a d’autre horizon que l’accès aux réseaux d’influence.
Privée d’armes symboliques, elle entre dans le monde comme on entre dans une salle d’attente diplomatique. Cette jeunesse cherche avant tout à obtenir des aides, à monter des fondations, à bénéficier des circuits d’aide internationale. Le silence règne là où la parole devrait s’élever. La peur triomphe là où la souveraineté exigerait du courage. Et chaque jour qui passe sans que ces questions soient publiquement posées est un jour de plus de soumission nationale.
Conclusion
« Il faut oser inventer l’avenir. L’avenir s’invente, il ne se subit pas. » – Thomas Sankara
Les épisodes récents ne sont pas des anomalies, mais les prolongements d’un processus plus ancien, amorcé dès l’indépendance, confirmé par l’assassinat de Lumumba et poursuivi sous des formes variées – militaires, diplomatiques, économiques, culturelles. L’illusion d’un sauvetage extérieur masque la réalité d’une dépossession continue. Le Congo, loin d’être soutenu, est administré à distance, souvent sans que ses dirigeants soient en mesure d’imposer des lignes de souveraineté explicites.
Ce combat appartient avant tout aux Congolais eux-mêmes, à ceux qui refusent de voir leur terre spoliée, leur dignité piétinée, leur futur volé. À ceux qui savent que penser juste, parler vrai, agir collectivement n’est pas une devise, mais une obligation morale.
Ce constat ne vise ni au découragement ni à l’incantation. Il appelle à un changement radical de posture analytique. Plutôt que de céder à la tentation des slogans, il s’agit de penser la condition congolaise dans toute sa complexité : interroger les mécanismes de domination, mais aussi les zones de résistance, les dynamiques internes qui peuvent servir de socle à une reconstruction politique sérieuse.
Il serait illusoire de croire que le renversement de cette logique puisse venir de l’extérieur. Ce combat appartient avant tout aux Congolais eux-mêmes, à ceux qui refusent de voir leur terre spoliée, leur dignité piétinée, leur futur volé. À ceux qui savent que penser juste, parler vrai, agir collectivement n’est pas une devise, mais une obligation morale.
Tout commence par la perception. Car avant d’atteindre la lucidité, il faut lever les voiles qui obscurcissent la réalité. L’organisation suit, chacun trouve sa place dans la lutte commune. Enfin, il faut désigner ce qui entrave, nommer ce qui affaiblit, structurer ce qui peut porter.
Le Congo, malgré tout, n’a pas encore sombré. Mais il ne tient plus qu’à quelques fils. Que ces fils soient rompus ou renforcés dépendra des choix faits aujourd’hui. Si l’histoire doit juger, qu’elle trouve des résistants, non des complices. Qu’elle voie des bâtisseurs, non des destructeurs. Et qu’elle reconnaisse que le Congo n’a jamais baissé les bras.
Mais la guerre n’est pas finie. L’homme congolais n’est pas totalement brisé. Il n’est pas encore prêt à céder sa terre à des marionnettes qui paradent jour et nuit. Nous nous battrons. Advienne que pourra.
Likambo oyo eza likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T., un homme libre, tout à fait libre.
La Libération par la perception (Lp) et La Dissidence « D »