Par Jean-Pierre Mbelu
Les Nouvelles Technologies de l’information et de la Communication (NTIC) ont apporté une contribution importante à la circulation de l’information. Elle ont permis l’interconnectivité et l’accès rapide aux informations importantes. Le danger serait qu’elles participent, dans certaines conditions, à la fabrication du consentement sur des questions historiques non élucidées et approfondies.
Il se passe quelque chose d’assez curieux au Kongo-Kinshasa. Certains communicateurs et »nouveaux analystes politiques » ont décidé de rompre avec l’histoire de la guerre de basse intensité imposée au pays en vue de forcer leurs compatriotes à se convaincre que les pyromanes peuvent se transformer, comme par un coup de baguette magique, en pompiers. Pour eux, la référence à la riche documentation sur cette guerre peut être ignorée du moment qu’ils peuvent, rapidement, convaincre leurs compatriotes que la conversion au »capitalisme du désastre » est la solution à tous leurs maux. Leur rappeler que la riche documentation sur la guerre par morceaux imposée au Kongo-Kinshasa existe est le fil conducteur de cet article. Lire et relire cette documentation pourrait aider les compatriotes kongolais à remettre en question »les solutions rapides » qui leur sont proposées par leurs compatriotes »à plusieurs cerveaux » et les inciter au débat nécessaire à la production de l’intelligence collective.
Des communicateurs et de nouveaux analystes politiques kongolais »rapides’‘
« Des communicateurs » et « les nouveaux analystes politiques » kongolais voudraient convaincre leurs compatriotes que la guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée à leur pays n’a pas d’histoire. Cde qui est faux. Il y a , dans leur chef, comme un enseignement de l’ignorance historique.C’est vrai que ces « communicateurs » et ces « nouveaux analystes politiques » ont une certaine audience. Surtout qu’ils font eux-mêmes leur publicité et disent disposer de « plusieurs cerveaux ». Leur rappeler que la guerre de basse intensité imposée au Kongo-Kinshasa a une histoire pourrait aider leurs applaudisseurs à modérer leur enthousiasme.
Voulant plonger leurs auditeurs dans l’ignorance de l’histoire, ces « communicateurs » et ces « nouveaux analystes » kongolais font rarement référence à l’histoire et aux livres écrits sur la guerre par morceaux dont souffre leur pays.
Ils ont une spécificité : malgré l’une ou l’autre bonne information qu’ils peuvent donner, ils ignorent superbement l’histoire de la guerre par morceaux dont souffre le pays depuis plusieurs années.
« Ces communicateurs » et ces « nouveaux analystes politiques » utilisent une astuce communicationnel. Ils livrent rapidement ce qu’ils pensent être les informations dont ils disposent. En d’autres termes, ils veulent fabriquer rapidement un consentement sans laisser à leurs auditeurs le temps de penser par eux-mêmes. Et puis, il est rare qu’il fasse des références à l’histoire. Ils seraient préoccupés par une mission urgente : présenter les pyromanes comme étant les meilleurs pompiers et le « capitalisme du désastre » comme étant l’unique stratégie économique salvatrice.
Voulant plonger leurs auditeurs dans l’ignorance de l’histoire, ces « communicateurs » et ces « nouveaux analystes » kongolais font rarement référence à l’histoire et aux livres écrits sur la guerre par morceaux dont souffre leur pays. Dans leur enthousiasme, certains parmi eux proposent que le Kongo-Kinshasa se convertissent au capitalisme comme si la guerre dont il souffre n’était pas le produit de la montée du ‘capitalisme du désastre ».
Il est vrai qu’en tant »communicateurs » et »analystes politiques » ayant opté pour le monologue, ils sont fermés au débat et à la production de l’intelligence collective. Il est probable qu’ils deviennent un frein contre l’ émancipation politique du pays. Il serait souhaitable de les renvoyer à certains livres en vue de les aider à améliorer la qualité de leurs convictions.
Des livres à titre illustratif
En voici quelques-uns à titre illustratif :
BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs. Politiques des puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2003
H. NGBANDA NZAMBO, Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, Paris, Duboiris, 2004
P. PEAN, Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994, Paris, Mille et une nuit, 2005
M.-F. CROS et F. MISSER, Géopolitique du Congo (RDC), Bruxelles, Complexe, 2006
F. HARTMANN, Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales, Paris, Flammarion, 2007
A. DENEAULT, D. ABADIE et W. SACHER, Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, Montréal, Ecosociété, 2008
J.-B. BADIDIKE (éd), Guerre et droits de l’homme en République du Congo. Regard du Groupe Justice et Libération, Paris, L’Harmattan, 2009
ONANA, Ces tueurs tutsi. Au coeur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009
P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010
J. KANKWENDA MBAYA et F. MUKOKA NSENDA (éd.), La République démocratique du Congo face au complot de balkanisation et de l’implosion, Kinshasa, ICREDES, 2013
N. CHOMSKY & A. VLTCHEK, L’Occident terroriste ? D’Hiroshima à la guerre des drones, Montréal, Ecosociété, 2015
J. HOGARD, Les larmes de l’honneur. 60 jours dans la tourmente du Rwanda, Paris, Hugo & Doc, 2016
J.-P. MBELU, La fabrique d’un Etat raté, Paris, Congo Lobi Lelo, 2021
A. LACROIX-RIZ, Les origines du plan Marshall. Le mythe de « l’aide » américaine, Paris, Arman Colin, 2023
ONANA, Holocauste au Congo. L’Omerta de la communauté internationale. La France complice ?, Paris, L’Artilleur, 2023
Conclusion
Se fier aux émissions des « communicateurs » et de « nouveaux analystes politiques » kongolais en oubliant que la guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée au Kongo-Kinshasa est historiquement bien documentée pourrait constituer une erreur fatale.
Chercher à fabriquer un consentement rapide sur une guerre riche aussi riche en histoire en s’enfermant dans l’immédiatisme et dans une propagande magnifiant les acteurs historiques majeurs serait une entreprise malhonnête de corruption des coeurs et des esprits.
En fait, chercher à fabriquer un consentement rapide sur une guerre riche aussi riche en histoire en s’enfermant dans l’immédiatisme et dans une propagande magnifiant les acteurs historiques majeurs serait une entreprise malhonnête de corruption des coeurs et des esprits. Cette entreprise serait dommageable pour le devenir collectif kongolais.
Il appartient aux élites intellectuelles kongolaises dignes de ce nom de décrier cette entreprise machiavélique et de persévérer dans la création des médias alternatifs pour contrer cette fabrique du consentement nocive au bonheur collectif kongolais partagé.
Babanya