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Kananga et son usine de captage d’eau

Kananga et son usine de captage d’eau

Kananga et son usine de captage d’eau 1080 720 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Au cours de son parcours kongolais, Fatshi Béton est arrivé à Kananga avant de poursuivre son voyage à Mbuji Mayi avant qu’il ne se rende à Tshikapa. A l’étape de Kananga, il n’a pas dérogé à son habitude de se laisser interpeller par ses compatriotes au cours et/ou après son mot de circonstance.

Dans une ville menacée de disparition par des ravins, sans eau courante et sans électricité permanente pour un plus grand nombre de ses habitants, une question lui a été posée au sujet du manque d’eau. En y répondant, il a fait intervenir, le PDG de la Regideso, David Tshilumba Mutombo, un natif du lieu.

Pourquoi, dans un pays où des individus peuvent détourner plus que cette somme, il faut recourir à l’endettement pour réaliser des projets vitaux pour la population ?

Ce dernier a cherché à rassurer ses congénères qu’une nouvelle usine de captage d’eau et un barrage allaient être construits pour répondre à leurs attentes. Les études de faisabilité de cela avaient été menées et que l’argent allait être disponibilisé. Quelle somme ?

Pour construire une usine de captage d’eau à Kananga, le pays aurait besoin de 100 millions de dollars. OK. Très bien. Et il semble que c’est la Banque mondiale qui va financer ce projet. Pourquoi, dans un pays où des individus peuvent détourner plus que cette somme, il faut recourir à l’endettement pour réaliser des projets vitaux pour la population ? Et puis, lorsque David Tshilumba Mutombo fait allusion à la disponibilisation de cet argent, peut-il aussi mettre sur la place publique les conditionnalités auxquelles le pays est soumis ? Que lui exige « les bailleurs de fonds »? Quel prix a-t-il à payer sur le court, moyen et long terme ?

Sous Mobutu, le pays a bénéficié de « la libéralité » de ces mêmes « bailleurs de fonds » sans qu’il s’émancipe du joug du néolibéralisme dégradant. Y a-t-il des garanties qu’aujourd’hui et demain seront différents d’hier ? Qu’est-ce qui pourrait pousser plusieurs d’entre nous à croire en cette différence ? Un peu plus de questions que de réponses ? Hier, Mobutu, conseiller par le directeur exécutif du FMI et de la Banque mondiale, Jacques de Groote[1], a mis le Kongo-Kinshasa sur la voie de la faillite. Il se pourrait que les mêmes causes, cette fois-ci, ne produisent pas les mêmes effets. Soit ! En attendant, lisons Eric Toussaint et le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM), ils ont des leçons à nous donner en la matière.

N’aurait-il pas été souhaitable de commencer par auditer[2] les dettes contractées par le Kongo-Kinshasa autrefois auprès de ces IFI avant d’en prendre d’autres ? Le danger de voir le fait économique dominer le fait politique au cœur de le l’Afrique est permanent et anti-souverainiste.

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961


[1] Lire E. TOUSSAINT, « Le procès d’un homme exemplaire. Jacques de Groote, directeur exécutif au FMI et à la Banque mondiale pendant 20 ans », Bruxelles, Al Dante, 2013, 93 p.

[2] Lire « A qui profite toutes les richesses du peuple congolais ? Pour un audit de la dette congolaise », CADTM, Bruxelles, 2006, 57 p.

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