Par Jean-Pierre Mbelu
De son vivant, l’un de nos aînés, Anicet Mobe, me disait souvent que la grande faiblesse des « élites politiques et intellectuelles » kongolaises était le mépris de l’histoire, « le refus de fouiner dans le passé ». Malheureusement, cette faiblesse perdure. Elle cause des dégâts énormes à la cohésion sociale et à la cohésion nationale, Aujourd’hui encore, des élites politiques et intellectuelles kongolaises refusent de comprendre que le passé faisant partie de la texture du présent et du futur finit toujours par rattraper ceux et celles qui voudraient s’en passer.
Heureusement, des Kongolais attachés à leur histoire existent encore. Ils ont cultivé, avec l’aide des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, le sens et la lecture des archives.
Ils viennent de mettre sur les réseaux sociaux, une petite vidéo de moins de deux minutes tout simplement. On y voit et entend Joseph Kabila en train de parler de »la constitution » kongolaise. Et voici ce qu’il dit : « Je suis peut-être le seul, le seul à avoir battu campagne pour l’adoption de cette constitution. Le seul, à travers le pays. Les autres avaient carrément rejeté la constitution. Ils étaient restés sur place ici à Kinshasa dans les bistrots, dans les ambassades alors que j’étais sur le terrain en train de battre campagne pour l’adoption de la constitution. Parmi ceux qui avaient rejeté la constitution, la constitution en vigueur, c’est l’église catholique. D’ailleurs, je considère que c’est ma constitution. »
Joka, droit dans ses bottes, dit sa part de vérité. Imposé aux Kongolais(es) à Sun City[1], il leur a imposé une « constitution » taillée sur sa mesure et sur celle des « Faiseurs de paix »[2]. Il a battu campagne pour son adoption. Il a changé l’un de ses articles dits intangibles en abolissant le deuxième tour de l’élection présidentielle. Il est allé au-delà du délai imparti à son deuxième mandat »frauduleux » en massacrant les Kongolais(es) ayant tenté de s’y opposer. Et la diaspora kongolaise a écrit un livre mémorable sur ce forcing[3].
S’écharper pour une « constitution » d’un « Cheval de Troie », c’est de la folie… Une bonne partie des « élites politiques et intellectuelles » kongolaises a sombré dans la sociopathie et/ou dans la psychopathie. Cela serait très préjudiciable pour le devenir collectif du pays. La réinvention de l’humain kongolais devient de plus en plus une urgence afin de renouveler l’élite politique et intellectuelle kongolaise.
En écoutant la vidéo susmentionnée, il serait sage d’analyser ce que Joka dit des « autres ». Il n’a bénéficié d’aucun soutien pendant qu’il battait campagne pour l’adoption de « sa constitution ». « Les autres » passaient leur temps dans les bistrots. Qu’est-ce cela rappelle ? N’est-ce pas les BMW ? On dirait que Joka a du mépris pour « les autres », pour ces hédonistes consuméristes abonnés à la bière et au reste. Il les considère aussi comme étant des extravertis infantilisés et au service du néocolonialisme. Ils sont toujours dans les ambassades…
Qu’est-ce qui s’est passé entre 2003 et 2024 pour que ces « autres hédonistes extravertis » se mettent à défendre « la constitution » de Joka ? Seraient-ils tombés dans l’amnésie ou ils refusent tout simplement de renoncer à l’hédonisme et à l’extraversion ? En fait, l’hédonisme consumériste produit, souvent, de la haine, de la violence, de la méchanceté et entretient une concurrence agressive. Il peut conduire à la sociopathie et à la psychopathie. Il est souvent dystopique. Il est aussi un fait que certains lieux du renouvellement de l’intelligence et du coeur ont été pris en otage par les agents de « faiseurs de paix » en vue d’abrutir, au maximum, les Kongolais(es).
Au vu du comportement des « autres » mis à nu par Joka, il ne serait peut-être pas exagéré de soutenir qu’une bonne partie des « élites politiques et intellectuelles » kongolaises ait sombré dans la sociopathie et/ou dans la psychopathie. Cela serait très préjudiciable pour le devenir collectif du pays. La réinvention de l’humain kongolais devient de plus en plus une urgence afin de renouveler l’élite politique et intellectuelle kongolaise.
Joka s’exprime sur une vidéo de moins de deux minutes. Il en va de même de Jean-Luc Schaffhauser lorsqu’il dit de quoi Joka est le nom [4]. Il le présente comme étant un jeune rwandais manipulable choisi pour être au service des multinationales. La vidéo est là :22.06.2016 Massacres dans l’est du Congo. Ngoy Mukena est venu enfoncer le clou en donnant des détails sur la fabrication de l’identité katangaise de Joka. La vidéo est là : Ngoy Mukena explique comment l’identité katangaise de Kabila a été créée .
S’écharper pour une « constitution » d’un « Cheval de Troie », c’est de la folie. Pierre Péan peut encore venir au secours des curieux qui, au Kongo-Kinshasa, voudraient en savoir plus sur Joka et les différents accords signés depuis l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila jusqu’à la la rencontre de Sun City[5]. Malheureusement, cette partie des « élites politiques et intellectuelles » kongolaises a renoncé à la formation permanente et a du mépris pour l’histoire du pays. Pourtant, tout ou presque est écrit. Les archives existent. Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication et les sites de réinformation offrent des services inimaginables. Les fanatiques du vote référendaire de ladite « constitution », par exemple, peuvent écouter Dieudonné Wamu (Revisiter la constitution en RD Congo? Avis d’un politologue.) sur la télévision de Pie Tshibanda. Ils comprendraient que Joka a fait le forcing. Il avait besoin de sa « constitution » pour réaliser la mission qui lui avait été dévolue.
« Les autres », abonnés aux bistrots et aux ambassades auraient-ils envie de se substituer à Joka ? C’est possible. A condition que les minorités éveillées les laissent faire… Lire et relire l’histoire, aller vers les sites de réinformation, c’est important pour devenir collectif kongolais. Compter sur « les autres là », c’est d’avance perdu…
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
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[1] Valentin Mubake -encore vivant- et Kabamba Mbwebwe participant au dialogue dit »intercongolais » de Sun City ont un jour pris un café avec le Président sud-africain Thabo Mbeki. Celui-ci avait pris une part active à l’organisation de ce dialogue. Il leur a confié, selon Mubake, qu’il lui a été imposé d’imposer Joseph Kabila aux Kongolais.