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Les jeunes de Bukavu rejettent les pantins du proxy rwandais

Les jeunes de Bukavu rejettent les pantins du proxy rwandais

Les jeunes de Bukavu rejettent les pantins du proxy rwandais 1008 756 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Vieux, la météo ne sert à rien dans cette ville ! Pour savoir s’il va pleuvoir, t’as qu’à regarder le ciel du côté du Rwanda. Tout simplement. C’est là que viennent les pluies que nous redoutons ici. Les pluies, et tout le reste… » C. DJUNGU-SIMBA K.

Les Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication permettent aux Kongolais vivant au pays et dans la diaspora de voir de leurs propres yeux les traitements esclavagistes imposés à leurs compatriotes des territoires momentanément occupés par les pantins du « négrier des temps modernes » rwandais. Ils sont tués au quotidien. Ils sont chicotés au vu et au su de tout le monde par des mercenaires des trans et multinationales travaillant main dans la main avec les proxies ougandais et rwandais en complicité avec les politicards-affairistes kongolais. Face à ce spectacle odieux, une dynamique de jeunes kivutiens est en train de se (re)lever pour protester et résister.

A la différence des politicards-affairistes kongolais et à quelques exceptions près, cette dynamique indique qu’il est possible de changer profondément de paradigme politique au pays de Lumumba. A quelles conditions ? L’article voudrait étayer l’hypothèse du changement de paradigme et en donner quelques conditions de possibilité.

Les jeunes kivutiens résistent

Dans l’histoire du Kongo-Kinshasa, la Grande Orientale et le Grand Kivu ont été pendant longtemps des bastions de la résilience et de la résistance contre les forces de la mort, coloniales et néocoloniales, malgré la trahison de certaines de leurs filles et certains de leurs fils. La guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée au pays de Lumumba par des proxys rwandais et ougandais interposés a fait des millions des morts dans cette partie des Grands Lacs Africains. Des sacrifices et le martyre imposés aux populations kongolaises de cette partie du pays ont fini par rendre des compatriotes têtus. Ils ont appris à faire face à la mort. Ils ont appris à affronter la mort en essayant le mieux qu’ils peuvent de la vaincre. Ils ont compris, comme l’écrit si bien Charles Djungu-Simba , que« la tragédie du Kivu n’est pas une fatalité et le sacrifice de tous ces morts que nous déplorons ne doit pas être vain ! » (C. DJUNGU-SIMBA K., Nuages sur Bukavu. Carnet d’un détour au pays natal, Huy, Editions du Pangolin, 2007, p. 118.)

Contrairement aux politicards-affairistes habitués aux inutiles conciliabules nécessaires à la gestion commune de leurs passions tristes dans un pays qu’ils considèrent comme « un gâteau », les jeunes kivutiens debout, au risque de leur vie, exigent tout simplement le départ des pantins du proxy rwandais du Kongo-Kinshasa.

Ces compatriotes têtus ont une réussi à immortaliser la mémoire historique résistante de leurs ancêtres méritants face aux velléités expansionnistes du petit pays de mille collines et de ses parrains. Mémoire historique vivante et attachement à la terre comme lieu de l’enracinement culturel de leur identité sont deux éléments importants sur lesquels repose leur perpétuelle lutte souveraine de libération.

Depuis quelques jours, des jeunes kivutiens sortent dans la rue pour crier leur ras-le-bol et demander aux pantins du proxy rwandais de partir de leur pays. Contrairement aux politicards-affairistes habitués aux inutiles conciliabules nécessaires à la gestion commune de leurs passions tristes dans un pays qu’ils considèrent comme « un gâteau », les jeunes kivutiens debout, au risque de leur vie, exigent tout simplement le départ des pantins du proxy rwandais du Kongo-Kinshasa.

Hier, dimanche 30 mars 2025, ils sont sortis dans la rue, au grand jour, transportant le corps sans vie de l’un d’eux et protestant contre l’occupation de leur pays. Soulignons qu’en plus de ces courageux jeunes protestant dans la rue, plusieurs sont au front et refusent qu’un seul centimètre de leur pays puisse être cédé au voisin envieux. Et ils ne croient pas en une énième libération des politicards-affairistes, des sociopathes ayant perdu tout sens du réel et des  »esprits déstabilisés » par la mégalomanie.

Cette dynamique des jeunes se démarquant des partis politiques et des politicards-affairistes kongolais est en train de se généraliser. Au pays comme à l’étranger. Cette dynamique minore ces politicards et place le salut du pays avant les appartenances tribales, ethniques et politicardes. Elle démonétise l’argent volé au trésor public et utilisé par les politicards-affairistes pour acheter les consciences faibles et assouvir leur envie irrépressible de prendre « le pouvoir sur le pouvoir » au coeur de l’Afrique.

Donc, cette dynamique pourrait s’orienter davantage dans le sens de la démonétisation de la politique fondée sur la primauté de l’avoir pour privilégier celle émancipatrice, enracinée dans la protection de la terre ancestrale et au service des valeurs de la lutte, de la liberté, de la justice, de la vérité, de la loyauté, de la solidarité et de la paix des coeurs et des esprits. Elle est disposée à en payer le prix.

Les courageux jeunes kivutiens au front se débrouillant avec les moyens rudimentaires pour sauver la terre de leurs ancêtres de sa désacralisation sont en train de prouver que changer de paradigme politique au Kongo-Kinshasa est possible ; que faire du « Likambo ya mabele » un cri de ralliement pour tous les Kongolais et toutes les Kongolaises est possible.

Machiavel et Montesquieu : entre le chef habile et la vigilance citoyenne

Curieusement, les politicards-affairistes et leurs chiens de garde voulant transformer le Kongo-Kinshasa en une jungle s’inscrivent majoritairement en faux contre ce changement de paradigme. Ils se sont enracinés dans la politique de l’assujettissement, du néocolonialisme et du « diviser pour régner ». Plusieurs lisent Machiavel pour apprendre à détruire les dynamiques des luttes collectives rassembleuses. Donc, leur unique référence, c’est Machiavel. Le Machiavel de « Le Prince » dont plusieurs parmi eux entendent parler et n’ont jamais lu. (D’ailleurs, ils ne lisent presque pas.)

Faire du travestissement de la mémoire historique une stratégie politique est une entreprise très risquée. Le prix à payer peut être très lourd. Le Kongo-Kinshasa devrait faire très attention. Ses résilients, ses souverainistes et ses résistants devraient rester vigilants.

Donc, ils ont pour meilleure option politique que la ruse pour exploiter la naïveté et la crédulité des populations kongolaises imbécilisées et abruties. Ils ne peuvent pas, après avoir copié Machiavel, lire aussi Montesquieu. Pour normaliser la servitude des masses, ils savent, avec Machiavel, dans « Le Prince » que « les hommes sont si simples et si faibles qu’un chef habile peut toujours trouver moyen de les tromper. » Ils auraient aussi lu Montesquieu, dans « L’Esprit des lois », ils auraient su que « la liberté ne peut être conservée que par la vigilance des citoyens. » (G. Palette)

La dynamique résistante de la courageuse jeunesse kongolaise s’exerce au quotidien à la vigilance.

« À cette vigilance, il faut joindre le bon sens, cette boussole oubliée qui défie les sophismes des médiocres et les mirages des profiteurs. » (G. Palette) Les valeurs faisant partie de décence ordinaire et la boussole du bon sens devraient guider sa lutte souveraine d’émancipation politique, spirituelle et culturelle en vue de renverser le rapport de force que lui imposent les faux libérateurs, les mercenaires et tous les autres politicards-affairistes. Pour cela, elle a et aura toujours besoin, en son sein, des figures de proue incarnant cette lutte et disposées à passer le relais aux générations présentes et à-venir. La texture de la courageuse mémoire historique, de l’attention à la présente résistance et de la réalisation des promesses dont elle est riche dans un à-venir prochain devrait être ravivée à tout moment. Vigilance oblige ! A ce point nommé, un danger guette le pays : travestir la mémoire historique.

En effet, faire du travestissement de la mémoire historique une stratégie politique est une entreprise très risquée. Le prix à payer peut être très lourd. Le Kongo-Kinshasa devrait faire très attention. Ses résilients, ses souverainistes et ses résistants devraient rester vigilants. Les dynamiques des jeunes sont averties. Elles sont obligées d’interagir. Elles ont le devoir de s’interconnecter.

Interconnexion contre l’ignorance esclavagisante

De l’interconnexion des (collectifs ou) dynamiques des jeunes kongolais du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, du pays et de la diaspora ayant le « Likambo ya mabele » comme cri de ralliement, d’éveil de la conscience patriotique et du sacrifice à consentir pour le triomphe des valeurs de la décence ordinaire dépend la réinvention d’un autre kongo, d’un Kongo uni par le sort et par l’effort pour sa véritable indépendance politique et économique.

Ils ont la chance-à quelques exceptions près- d’avoir vaincu le complexe d’infériorité qui fait des politicards-affairistes et des faux libérateurs des  »nègres de service » et  »les petites mains » du Capitalisme de la finitude.

Cette interconnexion peut servir de trajet d’apprentissage mutuel et de lieu de lutte contre l’ignorance esclavagisante.

Babanya

INGETA.

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