Par Ngalula Mabudi
Notre combat est long et difficile car nos ennemis sont multiples. Que ce combat nous survive, qu’il nous soit impossible d’en mesurer la durée, ce qui compte c’est la conviction. Elle est une valeur en soi malgré les résultats. Et le fait de garder vivant en soi « Cette flamme affirmative » est une victoire. Pendant 27 ans Nelson Mandela a gardé vivante cette flamme bien qu’on lui avait signifié qu’il finirait ses jours en prison. Comme pour tout combat, pour le gagner il faut bien s’armer. Il faut avoir des stratégies et ne pas laisser les obstacles nous paralyser. Les armes indispensables dont nous avons besoin pour mener à bien ce combat, c’est l’esprit positif, la confrontation constructive entre nous, l’acceptation de nos différences mais aussi de pouvoir se focaliser sur notre objectif.
Tourner notre attention sur le chaos qui pour le moment défigure notre pays conduira à la destruction de notre capacité d’agir. Penser à un Congo libre et victorieux, c’est penser la vérité malgré les apparences. Et cela constitue le premier pas vers notre libération. Car ne dit-on pas que les pensées créent la réalité ? C’est vrai qu’il est très difficile de penser autrement que ce que la réalité et les apparences exhibent. Chaque apparence dans notre monde visible produit la forme correspondante dans l’esprit de qui l’observe. Et ceci peut être évité qu’en ne s’accrochant à la vérité malgré les apparences. Celui qui parvient à développer ce pouvoir de penser peut conquérir son destin, obtenir tout ce qu’il veut et devenir qui il veut. Ce combat spirituel chassera de nos coeurs et de nos esprits la peur et le doute. Notre foi joue un rôle capital à ce niveau car elle rend l’espérance possible qui enfin nous comble de forces et d’énergies nouvelles.
Ne nous laissons pas tenter par le triomphe immédiat. L’engagement doit être perçu comme un combat continuel avec des échecs et des victoires, un combat dont le progrès est lent mais à l’issue certaine à long terme. Les biographies de héros à travers l’histoire nous révèlent que ces derniers se sont préparés pendant plusieurs années en effectuant de petits pas avant que le moment historique ne les propulse au devant de la scène. Il n’y a pas d’élan spirituel sans construction intérieure, il n’y a pas de libération sans travail de fond ni de préparation.
Nous devons comprendre que si nous ne gagnons pas dans l’immédiat au moins nous sommes engagés en communion avec des frères et des soeurs pour une cause noble : la libération de notre peuple et de notre pays. Nos actions qui semblent futiles mais faites avec conscience et détermination confirment le lien entre notre destin, celui de chacun et de chaque chose dans notre monde. Et ces actions peuvent mener à des résultats inattendus et puissants. Armons-nous de patience, de persistance et de confiance. Ce sont bien ces armes qui constituent notre rempart contre le découragement avant que toutes les cartes soient jouées. Notre combat est un pari, ne pas s’y engager c’est exclure toute chance de gagner. Y participer c’est créer au moins une possibilité de changer la situation dans notre chère patrie le grand Congo.
Le futur, frères et soeurs, c’est la succession infinie du présent. Vivre chaque instant tout en défiant tout ce qui bafoue la dignité humaine, est en soi une victoire. Ne nous laissons pas distraire et décourager par les calculs de ce qui est réalisable et pas réalisable, des actions qui aboutiront ou qui n’aboutiront pas. Ce genre de calculs découragent souvent les gens et les empêchent à agir justement. L’important, c’est d’agir en concordance avec sa conscience. Les combattants pour un monde meilleur doivent agir, agir justement, et laisser les conséquences parler d’elles-mêmes. Quand les soi-disant experts vous considèrent avec condescendance et vous traitent de naïfs ou d’irréalistes, souvenons-nous que le même discours a été tenu à l’intention de Mandela, Martin Luther King Junior, Mahatma Gandhi, les folles de la place de mai et bien d’autres encore. Soyons sages car nous ignorons ce que l’avenir nous réserve.
Seules nos actions aideront ce mystère à se révéler. Le changement peut venir vite quand le moment est arrivé. A travers l’histoire, le peuple s’est souvent senti impuissant devant l’autorité, comme nous aujourd’hui. Ce même peuple impuissant s’est organisé, il a agi, a pris des risques, a persisté afin d’acquérir assez de pouvoir pour changer le monde autour de lui. Récemment, nous avons tous été témoins du printemps arabe.
Le problème, frères et soeurs, n’est pas de manquer de pouvoir mais d’ignorer en détenir. Souvent nous le sous-estimons et ne l’utilisons pas. Sachez que ceux qui sont au pouvoir ne sont pas invulnérables. Leur pouvoir dépend de l’obéissance des gens qui subissent. Une fois que ces derniers défient cette autorité, lui désobéissent, ce pouvoir se fragilise. Si nous prenons assez de risques et persistons dans la fermeté, notre combat portera ses fruits. Ironiquement, les saints que nous adorons, les héros que nous admirons étaient souvent ridiculisés, torturés, ou ignorés à leur propre époque. Malgré tout, ils se sont battus, ils ont persisté contre vents et marées.
En conclusion, si les gens ne vivent pas leur idéal, c’est parce qu’on leur fait croire que ce qu’ils ressentent n’a aucune importance, leurs convictions sont ridicules. Devons-nous accepter le discours du prêtre, du pasteur, du professeur, de la police, de l’opinion publique, des autorités et de notre propre peur. L’abrutissement nous rend timorés et entretient notre statut de victimes perpétuelles «je n’ai rien!», « je n’ai pas de pouvoir!», «je ne peux rien faire!», «je n’ai rien à donner!», «tout le monde m’attaque». Nous resterons la risée de nos voisins. Que nous vivions dans de belles villas, que nous nous déplacions en voiture de luxe, que nous soyons en bonne santé, nous resterons autant à la merci des hommes de pouvoir que les affamés, les sans abris, les misérables. Le sentiment d’être persécuté ne nous permet pas de comprendre que nous sommes responsables de nos choix.
INGETA !
Par Ngalula Mabudi
