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Entre deux proxys, « les parrains » finissent par choisir. Le cas du Kongo-Kinshasa

Entre deux proxys, « les parrains » finissent par choisir. Le cas du Kongo-Kinshasa

Entre deux proxys, « les parrains » finissent par choisir. Le cas du Kongo-Kinshasa 960 540 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire » – Michaëlle Jean

Plusieurs compatriotes ont commis l’erreur de croire que « les élections-pièges-à-cons » organisées au Kongo-Kinshasa ont mis fin à la guerre perpétuelle menée contre ce pays. Ils sont victimes de l’enfermement dans le temps court. Par ignorance, par assujettissement, par abrutissement, par paresse intellectuelle et par tout cela à la fois, plusieurs compatriotes ont renoncé à penser le pays sur le court, moyen et long terme ; sur le temps long.

Juste après « les élections-pièges-à-cons » de 2018, certains articles et livres ont été publiés et dont certains avaient pour titres : « Sans un seul coup de feu ». Mais ils n’ajoutaient pas ceci comme sous-titre : « Pour combien de temps ? ». D’ailleurs, ces articles et livres commettaient l’erreur de ne pas mentionner tous les coups de feu ayant précédé ces « élections » et les morts qu’ils avaient occasionnés. Dieu merci ! Notre diaspora avait pris soin de publier un ouvrage collectif sur le sujet. Elle avait publié un livre intitulé : « Les Congolais rejettent le régime de Kabila« .

Apprendre de l’histoire…

Deux ans après ces « élections », les Kongolais peinent à en récolter les dividendes pour leur vie quotidienne. Et les proxys des forces économiques dominantes organisent un cirque à même d’embraser le pays. Du côté de l’un des proxys n’ayant pas réussi à voyager ce samedi 05 décembre 2020, des messages fusent, dont celui-ci : « On ne joue pas avec le feu. On risque se brûler ».

Deux ans après ces « élections », les Kongolais peinent à en récolter les dividendes pour leur vie quotidienne. Et les proxys des forces économiques dominantes organisent un cirque à même d’embraser le pays.

En principe, ce n’est pas lui qui parle : « Il est parlé. » Il débite ces deux petites phrases après ce qu’il a eu à organisé comme « voyages diplomatiques ». La naïveté consisterait à ne pas écouter et méditer ces deux bouts de phrases. Pourquoi ? Ils ne sont pas prononcés par un idiot. Ils sont prononcés par un compatriote connaissant le Kongo-Kinshasa de l’intérieur et ceux qu’en veulent « les parrains ».

« L’histoire nous apprend, dit, Michaëlle Jean, que nous ne savons pas apprendre de l’histoire ». Si ce compatriote parle, il me semble, c’est parce qu’il a su apprendre de l’histoire. Il sait, à moins que je me trompe, qu’entre deux proxys des forces économiques dominantes, les disputes peuvent inciter celles-ci à choisir pour l’un ou pour l’autre, ou pour l’un contre l’autre. Les exemples les plus récents nous enseignent qu’ils ont opté pour Kagame et Museveni contre Laurent-Désiré Kabila en 2001, pour « Joseph Kabila » contre Jean-Pierre Bemba en 2006, pour « Joseph Kabila » contre Etienne Tshisekedi en 2011.

Plusieurs compatriotes le savent et oublient rapidement. Souvent, ils ne se posent pas la question de savoir ce qui préside à ce choix. Sur ce point, je partage l’approche de Valéry Bugault quand, étudiant l’histoire d’un acteur géopolitique anonyme à la conquête du monde que sont des forces économiques dominantes, elle dit ce qui, profondément, les caractérise : « l’aptitude au mensonge, l’absence d’état d’âme, l’absence de toute empathie et de bienveillance vis-à-vis de la vie, la volonté hégémonique. » (V. BUGAULT, Demain, dès l’aube…le renouveau, Paris, Sigest, 2019, p. 74)

Les parrains et l’intensification de la guerre perpetuelle

La voie pour la réalisation de cette volonté hégémonique passe par « la ruse, le mensonge, la duperie, la perversité et la corruption » (Ibidem, p.110). Les proxys partageant mieux ces caractéristiques et les passions tristes susmentionnées ont plus de chance d’être choisis comme « négriers des temps modernes » que ceux qui, par « erreur stratégique », commencent à parler du « peuple d’abord », de « l’Etat de droit », de « l’union sacrée pour la nation », etc.

Dès que les forces économiques dominantes lisent chez l’un ou l’autre de leurs proxys des velléités réelles et/ou fantasmées d’orientation vers un minimum d’indépendance et de souveraineté, elles intensifient la guerre perpétuelle.

Pourquoi ? Ils risquent, aux yeux des « parrains », de réaliser le rêve de Lumumba et de refaire de leurs compatriotes un peuple digne au cœur de l’Afrique.

Bien que sachant que « Rome ne paie pas toujours ses traîtres », je suis d’avis que dès que les forces économiques dominantes lisent chez l’un ou l’autre de leurs proxys des velléités réelles et/ou fantasmées d’orientation vers un minimum d’indépendance et de souveraineté, elles intensifient la guerre perpétuelle. Cela risque de se passer au Kongo-Kinshasa où la connaissance et l’identification du véritable  »ennemi des peuples et des Etats » sont restées la chose la moins partagée par les compatriotes.

Nous aurions un peu plus gagné à lutter pour les valeurs, les principes et les règles au lieu de promouvoir le culte de la personnalité de « nos autorités (im)morales », ces « négriers des temps modernes » au service des forces économiques dominantes capables de les opposer à tout moment et d’infliger la violence et la mort aux populations n’ayant pas eu le temps d’apprendre à rompre avec l’abrutissement, l’appauvrissement anthropologique, l’assujettissement, la précarité et la bêtise.

Dire « NON » à l’intensification de la guerre perpétuelle

Les jours, les mois et les années à venir risquent d’être riches en rebondissements. Ils risquent d’être un boulet aux pieds de tous ces compatriotes convertis en thuriféraires, en tambourinaires, en fanatiques ou en applaudisseurs de ces « négriers des temps modernes » dont les accords signés servent d’abord leur avidité, leur cupidité et « leurs maîtres » aux dépens de l’intérêt collectif et de l’intérêt commun.

Allons-nous sortir ensemble dans la rue pour dire « NON » à l’intensification de la guerre perpétuelle au Congo-Kinshasa ? La balle est dans notre camp avant qu’il ne soit trop tard.

Si tous ces compatriotes ne se re-convertissent pas en artisans des causes telles que l’autodétermination et la souveraineté du Kongo-Kinshasa en rompant avec le culte de la personnalité, nous risquons de « rouler la pierre de Sisyphe » et d’avoir, pour longtemps, avant que ne se lève un leadership collectif consciencieux, lucide et responsable pour entraîner le pays sur une nouvelle voie dont Lumumba a déjà tracé les lignes maîtresses, nos yeux pour pleurer.

Pour cause. Les forces économiques dominantes qui embrigadent « nos négriers des temps modernes » que nous nommons abusivement « autorités morales » dans « une guerre de tous contre tous » n’ont pas d’état d’âme et de bienveillance vis-à-vis de la vie. Elles ont mis l’ONU dans leur poche. Frantz Fanon le sait depuis les années 1960. Et nous, nous croyons bêtement qu’elle peut nous sauver. Mawa !

Allons-nous sortir ensemble dans la rue pour dire « NON » à l’intensification de la guerre perpétuelle au Congo-Kinshasa ? La balle est dans notre camp avant qu’il ne soit trop tard.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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