Par Jean-Pierre Mbelu
Plusieurs compatriotes qui disent aujourd’hui « touche pas à ma constitution » ne savent pas et/ou ont vite oublié qu’il était interdit au parlement kongolais de la transition de parler de l’identité kongolaise.
Si, avec les amis, nous avions qualifié « la Constitution » de 2006 de feuille de choux, c’est parce que nous savions dans quel contexte elle était née. Le pays était sous la tutelle de l’ONU et géré par le CIAT de l’américain Swing. C’est dans ce contexte que Jean-Pierre Bemba va accepter « l’inacceptable ». Tout était fait en fonction du « filleul » des parrains. Jean-Pierre Bemba le sait.
Au Kongo-Kinshasa, l’amnésie est une maladie plus que contagieuse. Les lecteurs et/ou les relecteurs de « Les « faiseurs de paix ». Gestion d’une crise internationale dans un pays sous tutelle » de Jean-Claude Willame pourront comprendre que rédiger une constitution digne de ce nom dans un pays sous tutelle ne pouvait être qu’une absurdité.
Effacer cet épisode de notre histoire, c’est de la folie. C’est effectivement au cours de cet épisode de notre histoire qu’il a été interdit au parlement de la transition de parler de l’identité kongolaise. « La congolité était assimilée à l’ivoirité » dont les soubassements ont été mis sur la place publique par Bourgi. Avoir une constitution liée à l’identité kongolaise est une question existentielle pour les Kongolais(es).
J’ai eu une chance énorme. A cette période, un ami organisait régulièrement des émissions sur Congoone et nous parlions de toutes ces questions et/ou des articles étaient publiés à ce sujet. Parler aujourd’hui de cette période comme si c’était une époque où le Kongo-Kinshasa jouissant de sa souveraineté a choisi d’écrire une constitution digne de ce nom est une vue d’esprit. Malheureusement, au Kongo-Kinshasa, l’amnésie est une maladie plus que contagieuse.
Les lecteurs et/ou les relecteurs de « Les « faiseurs de paix ». Gestion d’une crise internationale dans un pays sous tutelle » (Bruxelles, Grip, 2008) de Jean-Claude Willame pourront comprendre que rédiger une constitution digne de ce nom dans un pays sous tutelle ne pouvait être qu’une absurdité.
Ne pas déchirer cette « feuille de chou » de 2006 après de bonnes assises de refondation, c’est vouloir que le Kongo-Kinshasa demeure un absurdistan. La fin de la guerre et de la tutelle de l’ONU pourrait être considérée comme l’une des conditions sine qua non de la rédaction d’une constitution souveraine.
Babanya Kabudi