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Le prix de ne pas avoir résisté

Le prix de ne pas avoir résisté

Le prix de ne pas avoir résisté 734 489 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

En 1956, les Hongrois se sont révoltés contre la domination soviétique. Ils ont été anéantis. Mais leur courage leur a permis, par la suite, de tourner la page.

Dans La Défaite de l’Occident, Emmanuel Todd livre une observation d’une brûlante intensité : « Les Hongrois ont pu pardonner aux Russes de les avoir violemment réprimés parce qu’ils ont osé les affronter les armes à la main. » (Todd, 2024 : 136)

La paix découle uniquement de la lutte

Par cette phrase, Todd dit l’essentiel. La paix découle uniquement de la lutte. Il n’y a qu’à travers la confrontation que l’on peut trouver une certaine dignité. Non pas, puisque l’on triomphe. Les Hongrois ont été écrasés en 1956. Mais parce qu’on refuse la soumission. Même dans la défaite, on reste debout. C’est cela qui permet ensuite de pardonner sans se renier.

Le pays a pleuré, supplié… Mais il n’a jamais eu le courage de se mesurer à l’adversaire. Il n’a jamais dit non, les armes à la main. Ainsi, comme le Congo n’a pas livré bataille, il ne peut ni pardonner ni guérir. Il ne fait que ruminer.

Mais si cette vérité se retournait contre le Congo ? Si elle nous renvoyait brutalement à notre propre histoire ? Si elle disait tout simplement ce que personne ne veut entendre ? Car, depuis 1996, le Congo ne fait que céder. L’État congolais a baissé les armes avant même de les avoir portées.
Devant l’invasion.
Devant le pillage.
Devant les accords inégaux.

Hier, le laboratoire a testé au Congo la fameuse formule de 1+4. Aujourd’hui, ce même laboratoire propose une nouvelle approche hybride : deux États au sein d’un grand ensemble. Toujours, sans combattre. Sans refus net. Juste des silences. Des appels au secours. Des négociations vides
Mawa. Le Congo a cédé face à lui-même. Par manque de conscience nationale structurée.

Le pays a pleuré, supplié… Mais il n’a jamais eu le courage de se mesurer à l’adversaire. Il n’a jamais dit non, les armes à la main. Ainsi, comme le Congo n’a pas livré bataille, il ne peut ni pardonner ni guérir. Il ne fait que ruminer.

Se lever, c’est choisir.

La haine. La confusion. Le repli identitaire. L’exode. Les discours sans fin… Autant de symptômes d’un peuple blessé dans son honneur. Car un peuple peut pardonner à ceux qui l’ont écrasé s’il s’est tenu debout au moment de la chute. Mais le Congo est resté à genoux. Non pas parce qu’il est lâche. Mais puisque ceux qui devaient le porter n’ont pas osé le faire se lever.

Un peuple peut pardonner à ceux qui l’ont écrasé s’il s’est tenu debout au moment de la chute. Mais le Congo est resté à genoux. Non pas parce qu’il est lâche. Mais puisque ceux qui devaient le porter n’ont pas osé le faire se lever.

Aujourd’hui encore, ceux qui évoquent les échéances futures ne nous assurent pas qu’avant 2028, ils seront capables de nous restituer un Congo entier, avec un centre unique et un projet commun. Or, s’ils échouent, alors qu’ils nous ont demandé d’attendre… ils ignorent le risque :
celui du syndrome de Stockholm.
Celui de l’épuisement.
Celui du sentiment d’abandon.
Celui de l’humiliation profonde des groupes marginalisés, livrés à eux-mêmes.

Ainsi, aurons-nous attendu en vain, croyant être prêts à en découdre, pendant qu’aucune mobilisation générale n’a eu lieu ? Parce que ceux qui devaient nous unir ont préféré se contenter d’être des leaders sectoriels, incapables même de poser un pied à l’est du pays. Ensuite, tant que cette inertie perdurera, il n’y aura ni paix, ni pardon, ni avenir.

Il faut affronter pour exister.
Il faut refuser pour se reconstruire.
Il faut oser, même tardivement, entrer dans l’Histoire par un acte de dignité collective.
Un jour, un homme se lève.
Un jour, un homme debout.
Un jour, un homme se lève.
Il se lève, non pour parler.
Il se lève, non pour plaire.
Il se lève parce que, trop, c’est trop.
Un jour, un homme se lève.
Ce jour-là, il ne demande plus.
Il prend.
Il reconquiert.
Il écrit enfin l’Histoire.

Se lever, ce n’est pas simplement exister. C’est refuser la fatalité. C’est briser le cercle vicieux du renoncement. Se lever, c’est affirmer son droit à l’Histoire, à la dignité. Non pas par les mots, mais par les actes. Se lever, c’est choisir. Et le Congo n’a pas encore fait ce choix.
Likambo oyo eza likambo ya mabele

 

Mufoncol Tshiyoyo, M.T., L’Étincelle, un homme libre

INGETA.

REINVENTONS

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