Par Jean-Pierre Mbelu
Lutter sur le temps long est exigeant. Amnésiques, des compatriotes envient Paul Kagame. Il semble que tout ce qu’il entreprend lui réussit. Bon Dieu ! Avec »le dieu Kagame », les Tutsi ont réussi à infiltrer, avouent ces compatriotes, toutes les institutions et toutes les organisations dites internationales. Bon Dieu ! Il y en a qui confessent que »la ruse finit par payer ». Ils s’adonnent à l’éloge de la ruse en vantant les mérites du »boucher de Kigali ». Je crois rêver ! Ils disent qu’en 24 ans, »Kagame a réussi là où Kabila tâtonne ». Bon Dieu! On est où là ?
Comment des compatriotes en viennent-ils à vanter »un tueur à gages » traînant des dossiers non élucidés jusqu’à ce jour ? Ils parlent de Kagame sans aucune allusion à » ses créateurs ». Ils auraient été moins bavards s’ils avaient un minimum de maîtrise du mode opératoire des »créateurs du Paul-le-démocrate » ! Ayant disqualifié le livre et les élites intellectuelles, ces compatriotes n’auront pas le temps d’aller relire certains livres et témoignages sur »le boucher de Kigali » et ses »maîtres ». Soit !
Une jeunesse capable de se moquer de l’argent est en train de se mettre debout
Comment en viennent-ils à envier un sous-fifre, un nègre de service ayant décidé depuis 1885 de mettre le Congo de Lumumba en morceaux ? Lutter, persévérer, refuser de s’enfermer dans »la politique-affairiste-instantanée » n’est pas facile dans des cercles où »manger », »bouffer » ici et maintenant est devenu un mot d’ordre.
A entendre ces compatriotes, il y a lieu de soutenir que dans leurs cœurs et esprits la culture néolibérale du consumérisme à effectuer des pas de géant. Terrible ! Le renoncement au bonheur d’être soi dans la dignité, le respect de soi et des autres gagne du terrain au Congo-Kinshasa !
Comment en viennent-ils à envier un sous-fifre, un nègre de service ayant décidé depuis 1885 de mettre le Congo de Lumumba en morceaux ? Lutter, persévérer, refuser de s’enfermer dans « la politique-affairiste-instantanée » n’est pas facile dans des cercles où « manger », « bouffer » ici et maintenant est devenu un mot d’ordre.
Dieu merci ! Une jeunesse capable de se moquer de l’argent est en train de se mettre debout. Luc Nkulula et ses amis en savent quelque chose. Lui a payé le prix le plus cher. Mais les siens n’ont pas renoncé à la lutte pour les valeurs autres que »les marchandes ». Eux savent que des compatriotes refusant de se vendre au prix des espèces sonnantes et trébuchantes existent au pays de Lumumba.
Deux décennies de lutte
Maintenant, disons que deux décennies de lutte, c’est trop pour plusieurs d’entre nous. Il est possible de comprendre qu’ils versent dans le larbinisme et le syndrome de Stockholm.
Pourtant, le bon sens recommande de savoir que »lokuta eyaka na ascenseur ; vérité eyaka na escalier, ekomi ». Oui. Le tribunal de l’histoire se penchera sur »la vérité de l’escalier ». Bon ! Tout le monde ne peut pas attendre ! Que vivent »les kagame boys congolais » et les selfies !
Les miens et moi-même avons appris que la vérité finit toujours par prendre sa revanche. »Bulelela kabuena kona, nansha mudiine nabu mu mayi », comme on dirait dans ma langue vernaculaire ! D’où nous répugnons tout larbinisme, tout syndrome de stockholm et toute confusion entre la vitesse et la précipitation. Nous nous gardons de verser dans le pragmatisme-opportunisme évitant que luttant nous soyons attentifs aux conséquences de notre engagement historique. Pour nous, le pragmatisme est cet art de rester attentif aux conséquences de sa lutte citoyenne et/ou de proposer les énoncés de son discours au débat public en tenant compte de leur falsifiabilité.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961