Par Kwebe Kimpele, journaliste.
Les Congolais, les prétendus experts et les pseudo spécialistes du Congo utilisent abondamment l’expression « Tutsis congolais » sans se rendre compte de cette étrange association.
D’un côté, ils emploient une référence ethnique à savoir les Tutsis. De l’autre, ils utilisent une identification nationale c’est-à-dire les Congolais. Puis, ils les mettent côte à côte. Cette juxtaposition de deux notions étrangères l’une de l’autre est un procédé absurde et n’est rien d’autre qu’une pure aberration sémantique. Personne, parmi les érudits qui éructent et vocifèrent à longueur de journée sur la tragédie congolaise, n’a jamais mesuré l’étendue de cette erreur, source de tant de malentendus aussi bien politiques qu’historiques. Les expressions « Mungala français », ou « Kasaïen espagnol », ou « Muluba canadien » ainsi que « Mutetela américain » , revêtent-elles un sens ? Si oui, il faudra me l’expliquer. Dans le cas contraire, il faut arrêter de profaner le passé de notre pays.
Les destins du Rwanda et du Burundi ont été brièvement associés à celui du Congo après la défaite de l’Allemagne en 1918. Avant cette date, les trois entités étatiques et leurs populations respectives ne pouvaient pas être confondues les unes avec les autres et l’expression « Tutsi congolais » ne recouvrait aucune réalité. Du reste, le Rwanda, en tant qu’Etat, a existé plus de 250 ans après la création de l’EIC, Etat indépendant du Congo et propriété privée du roi des Belges Léopold 2. Mais surtout, le Rwanda, ses terres et toute sa population, Tutsis et Hutus confondus furent, bien avant le Congo, assujettis à la colonisation allemande.
Après les indépendances des trois pays au début de la décennie 1960, chacun d’eux, avec sa population, a repris la marche normale de son histoire. Il faut également prendre en compte le fait fondamental suivant: chaque Congolais d’origine descend forcément de parents membres d’une ethnie dont les terres furent confisquées et fusionnées pour former la superficie de l’Etat Indépendant du Congo (EIC), État indépendant du Congo à l’issue de la conférence internationale de Berlin qui s’est clôturée le 26 février 1885. Pas un centimètre carré du Rwanda, à l’époque colonie de la puissante Allemagne, ne fut annexé par l’EIC et pour cause !! Qui aurait pu oser porter atteinte aux intérêts coloniaux de l’Allemagne à la fin du XIXe siècle en violant un morceau de terre de l’une de ses colonies africaines ? Ni la France, ni l’Angleterre, ni le Portugal et, a fortiori, ni un homme seul en la personne du roi Léopold 2, propriétaire privé et exclusif de l’EIC qui, de surcroît, avait eu besoin du soutien et du parapluie allemand pour obtenir la reconnaissance internationale de ses titres de propriété sur son immense domaine foncier en Afrique centrale. Peut-on imaginer un seul instant l’ancien monarque belge convoiter les terres et les populations, tutsies et hutues confondues, de son hôte et protecteur allemand ? Les populations bantous congolaises, frontalières du Rwanda comme les Hunde, les Havu, les Bashi, les Nande, les Tembo, les Nyanga ont souvent lutté, bien avant l’irruption des Européens et de la colonisation mais aussi après, contre les tentatives d’invasion et d’occupation de leurs terres par les bami rwandais (pluriel de mwami, signifiant roi ou empereur), tous des Tutsis. Il faut savoir que les Tutsis, peuple de pasteurs nomades descendus derrières leurs troupeaux de vaches aux grandes cornes depuis les hauts plateaux d’Abyssinie en direction des verts pâturages des pays des grands lacs africains, ne possédaient par conséquent ni terre, ni culture, ni langue propre.
Au cours de leur transhumance pastorale vers le sud, les « cow boys » tutsis découvrirent les riches pâturages des collines du Rwanda et du Burundi, à l’époque propriétés exclusives des Hutus. Par la ruse, usant également du charme de leurs filles, les Tutsis, représentant une infime minorité, parvinrent à éliminer les dynasties royales hutues, à s’emparer du pouvoir et à régner par la terreur et les meurtres systématiques sur la majorité hutue des populations rwandaise, burundaise et même ougandaise. Les premiers martyrs chrétiens ougandais comme Charles Lwanga, Kizito et leurs infortunés compagnons brûlés vifs sur des bûchers, furent tous des hutus. Mais, lorsqu’on est une minorité, on ne domine pas impunément ni éternellement une majorité. Tôt ou tard, celle dernière se réveille, prend conscience de sa situation d’injustice, se révolte et déclenche des représailles contre la minorité. C’est ce qui s’est passé au Rwanda en 1962 lorsque le Hutu Grégoire Kayibanda perpétra un coup d’Etat contre le pouvoir tutsi en place à Kigali depuis l’abolition de la monarchie. On sait que les Tutsis ont attendu une une trentaine d’années pour récupérer le pouvoir, d’abord en octobre 1993 avec l’assassinat du président hutu burundais Melchior N’dadaye, ensuite le 6 avril 1994 avec le double assassinat des présidents hutus rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien N’taryamira. Trois chefs d’Etat, tous des Hutus, liquidés en l’espace de six mois. Difficile de faire mieux.
D’où la question qui tue: depuis quand existe-t-il des « Tutsis congolais », c’est-à-dire une ethnie tutsie rwandaise installée légalement et historiquement sur les terres congolaises, qui fut donc forcément assujettie naguère à l’EIC, si ce n’est dans l’ignorance des experts et des spécialistes ? De 1918, année de la défaite allemande, mais aussi du placement du Rwanda et du Burundi (à l’époque appelé Urundi) sous mandat de la Belgique par la SDN, Société des nations et ancêtre de l’ONU, jusqu’en 1960, année de la dissolution du « Congo belge et du Rwanda-Urundi », il s’est passé 42 ans seulement. Quand situe-t-on l’hypothétique naissance naturelle, légale, légitime ou miraculeuse d’une ethnie tutsie rwandaise sur le territoire congolais ? Peut-être, s’agit-il d’une génération spontanée ? D’une espèce de « Deus ex machina ?. Qui peut répondre à cette question ?
Pendant les 52 ans de la colonisation belge, les indigènes congolais furent légalement et administrativement séparés des Rwandais et des Burundais. Impossible de les confondre et la notion de « tutsi congolais » relevait d’une pure utopie. De toutes les façons, elle n’existait nulle part. De même, la notion de « hunde rwandais », » rega rwandais », « bashi rwandais » ou de « nande rwandais » fait doucement sourire parce qu’elle n’as aucun sens. Pourquoi celle de « tutsi congolais » en aurait-elle ? Du reste, après la défaite allemande à l’issue de le Première Guerre mondiale, l’ensemble s’appelait « Congo belge et Rwanda-Urundi » et non pas « Congo et Rwanda-Urundi belges ». La confusion et le mélange des genres sont nés après 1960, c’est-à-dire, après les indépendances des trois pays, au seul profit des Tutsis rwandais. Pourquoi, étant donné qu’ils sont majoritaires au Rwanda, ne parle-t-on pas « Hutus congolais » ? Pourquoi tous les Rwandais occupant de hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat congolais depuis la victoire de l’AFDL le 17 mai 1997 sont-ils exclusivement des Tutsis ? Pourquoi tous les dirigeants politiques bantous congolais, mais aussi tous les généraux et officiers supérieurs bantous congolais ayant fait partie de la prétendue Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo sont-ils tous morts de manière violente ? Les rescapés ne doivent d’être encore en vie que grâce à l’exil. Cherchez les coupables .
Le moment arrive où il faudra aborder cette question de fond pour forcer au silence tous les imposteurs qui s’agitent sur la scène où se joue la tragédie congolaise.
Qu’il puisse exister des Tutsis ayant acquis la nationalité congolaise en respectant la législation congolaise en la matière; c’est tout à fait imaginable. Mais que des Tutsis puissent revendiquer, sous la fallacieuse identité de « Banyamulenge », Banya-uvira », Banya-bushi », « Tutsis congolais » ou de « Rwandophones », voilà mes chers frères, une insulte à l’intelligence et à la mémoire des Bantous congolais. Finalement, qui a été l’objet d’un génocide en 1994 au Rwanda ? Des 800.000 Tutsis vivant dans ce pays avant les tueries inter ethniques, la chronique de l’actualité affirme, contre toute logique arithmétique, qu’on en aurait trucidés un million !! Mais alors, d’où viennent les Tutsis qui, depuis 1994, se sont emparés du pouvoir aussi bien au Rwanda qu’au Congo ? Jusques à quand la mystérieuse « Communauté internationale » et les Tutsis prendront-ils le reste de l’humanité pour des « canards sauvages » ?
PS:
Désormais, parler de « tutsi congolais » est devenu normal alors qu’en réalité, c’est une aberration, une absurdité, un déni de l’histoire et une insulte à la cause des Bantous congolais. C’est une pure fiction. Les Tutsis, en tant que communauté ethnique, ne possèdent pas un centiare de terre au Congo. A ce propos, il est vraiment étrange qu’on n’entende jamais parler de « hutus congolais » alors qu’ils sont plus nombreux. Personnellement, je n’ai jamais enregistré, nulle part, l’expression « Hutus congolais ». Et vous ? C’est étrange, n’est-il pas ? Comment expliquer cette absence alors que les Tutsis, 800.000 avant le génocide, ont été, paraît-il, exterminés au nombre d’un million !! De leur côté, les Hutus, 5.800.000 avant les massacres inter ethniques, et qui ont été massacrés au nombre de de deux millions 300.000 selon l’ONG belge SOS Rwanda-Urundi, n’ont jamais revendiqué la nationalité congolaise et n’ont jamais posé de problème majeur de cohabitation avec les Bantous congolais!
Bemba Congolais vs Bemba Zambien? Est une abbération aussi?
Malheureusement, oui, il existe des tutsis congolais.
Afin de résoudre le problème que cela pose, nous devons partir sur des faits.
Par exemple, le terme banyamulenge apparait en 1977. Les premiers migrants tutsi recensés en terre « congolaise » remontent à 1924!
Le problème majeur que nous vivons aujourd’hui est dû au fait de n’avoir jamais cherché à clairement les définir.
Ce qui permet à cette population « congolaise » de se laisser infiltrer à loisir par des rwandais! Prétextant de n’avoir jamais été intégré!
Notre salut et, surtout, notre souveraineté ne viendra pas de la négation de notre histoire, aussi peu glamour qu’elle puisse être!
@vincent
« Les premiers migrants tutsi recensés en terre congolaise” remontent à 1924 ». Etaient-ils recenses en tant qu’ETHNIE ou individus?
D’ailleurs oza mayele MUKUSE tu utilise le terme MIGRANT et non ethnie, pourtant c’est la que reside l’imposture lorsqu’ils essaient de creer cette confusion et reclamer des terres comme ethnie.
Un individu quelque soit sa couleur et son ethnie, ayant obtenu par les voies legales la nationalite congolaise peut acheter des terres ou il veut. D’ailleurs a Kinshasa ou dans l’Ituri un Muluba a-t-il des problemes pour acheter des terres? Les Blancs congolais portugais, belges, grecques ou leurs descendants ont-ils des problemes?
Alors pourquoi ces cafards? Parceque ce sont des cafards et ils ont des germes malefiques qu’ils rependent partout.
Leur place c’est au Rwanda PAS CHEZ NOUS!
@Vincent: on peut également soutenir que les premiers migrants Kongo recensés en terre « belge » remontent au début du 20ème siècle. Il y a-t-il pour autant une ethnie Kongo dans les registres administratifs de la Belgique?
@Vincent
En RDC une ethnie se definit par apport a sa langue et non a une quelconque localite. Selon la classification des ethnologues, A titre d’exemple, Si tu parles Tetela, tu es identifie en tant que tetela vu la langue maternelle que tu parles, et non selon la localite ou chef lieu. En premier lieu on ne dit jamais Ona Sankuru, Ona( Enfant ou bana en Kitetela) sankuru pour identifie les Tetela. Dites moi quelle est la langue maternelle des banyamulenge. Je te mets au defi de nous donner le nom d’une seule ethnie et tribue en RDC qui est identifiee de par son lieu de naissance ou d’habitation? Merci
EN RDC il y a des nilotiques autochtones, ca personne le nie mais quant a nos amis tutsis, eux ne sont pas des autochtones dans ce pays. La verite est indomptable, on ne peut jamais la vaincre. Les nilotiques autochtones, il y a les alurs qui parlent le alur, les logos leur langue maternelle est le logoti etc… Votre exemple sur les Mbemba illustrent parfaitement ce cas de figure puisque les mbembas parlent le Kibemba et c’est a cela qu’ils sont assimiles.
Salut Kwebe et merci pour l’article. Je dois toute fois souligner le fait que toutes les ethnies congolaises n’ont pas nécessairement de langue propre. Les « bagegere » en Ituri (Bunia, Mungbwalu, Kilo,…) parlent le kilendu. Il y a des groupes ethniques qui ont tout simplement perdu leur langue et qui parlent la langue de l’ethnie avec laquelle ils cohabitent. Il semble que les Tutsis avaient aussi leur langue en arrivant sur les terres devenues aujourd’hui le Rwanda. Ils ont perdu leur langue, mais restent un groupe ethnique bien distinct. En RDC même, de nombreux « anciens du village » se plaignent du fait que les enfants ne parlent plus leurs langue maternelle et préfèrent parler swahili, lingala, français,… D’ici quelques décennies, beaucoup de langues congolaises auront disparu. Mais on saura quand même faire la différence entre un Kimpele, un Katumbi, un Musavuli, et surtout un Ruberwa. Tous les trois pourtant ne parlerons que français, lingala, ou swahili… ou du moins leurs enfants et petits-enfants. Des petits lundas, tetela, nandes, tutsis,… qui ne parlent plus un mot de la langue de leurs ancêtres. C’est insupportable, mon frère ! Mais c’est ce qui risque de nous arriver à nous aussi, après les Tutsis qui ont définitivement perdu leur langue. Mais il nous restera des terres de fixation, des lieux d’origine (Katanga, Maniema, Beni-Lubero,…) Merci quand même pour l’article. Il fait réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir de notre « nation ».
Concernant la question de l’auteur de l’article si il existe des rwandophones sous le vocable Hutu congolais oui affirmatif mais sous un autre vocable celui de banyabwisha. Ce sont des hutus habitant bwisha mais ceux la ne sont pas autant agressifs comme le sont certains banyamulenge.
Les Flamands Français veulent l’indépdence de la region liloise !
voilà ce que pourrait signifier l’expression Tutsi congolais.
voyez-vous comment c’est absurde de parler de Tutsi congolais ?
Non cette stratégie n’est pas si absurde que ça. Il faut se demander ce qui caractérise aujourd’hui un tutsi aux yeux de l’opinion publique mondiale. Un tusti c’est un rescapé du génocide. A l’instar des juifs persécutés durant la IIème guerre mondiale, il a une identité particulière, celle de victime de la pire des horreurs. Il est donc comme ces juifs-allemands, juifs-français, juifs-polonais une figure portant les stygmates de la cruauté humaine et de ce fait lui-même incapable de cruauté, victime éternelle. Je crois que la reflexion de ces gens est allée très loin au moment où ils ont décidés de s’entretuer, de produire en Afrique une chose aussi horrible comme ce père qui se réveille un matin et réalise que sa femme est tustie ou hutu peut importe et la tue. A-t-on jamais vu ça? Après ce qu’ils ont fait dans leur pays, on ne peut s’étonner de ce qu’ils font subir au peuple congolais.
Aujourd’hui apparait le « Congo Oriental » dans le langage politique ! Demain il sera une réalité historique et pendant ce temps on décortique l’histoire et on fait de la philosophie. Cette vérité là aussi est en route, et rien n’y personne s’y oppose. Quand le vin est tiré il faut le boire…….
C’est bien que vous discutez les origines ethniques, localites et tout cela. Seulement , une simple analyses to tout ecritures ici ne montre que des pensees soit limitees par expriences, expertise dans les affaires mondiale.
Comment pourriez-vous expliquer que des Congolais reclament etre traitee de meme facons dans les pays europeens (en guise d’avoir acquis de nationalites Amercaines, Britaniques, Francaises et tout consoles? La realite en est que le Congo et le Rwanda ne sont plus aux meme niveaux de pensees. Au moins il faut grandir….s’il faudra faire progrees pour le Congo….
Les Tutsi, Congolais, Hutu, tout console n’as rien de realitee moins que politiquement correct. La sorte de Habyarimana qui declara que le Rwanda est une glasse deja plain d’eaux ….il n’ya plus d’espace pour les Tutsie…maintenant…nous en avons assez meme pour les Congolais que leur Gouvernment ne peux and ne veux plus meme proteger….
[…] [7] Kwebe Kimpele, Depuis quand existe-il des Tutsis Congolais ? in Ingeta website http://www.ingeta.com/depuis-quand-existe-t-il-des-tutsis-congolais-2/ [8] John Hanning Speke was a British colonial explorer and architect of the hamitic myth: the idea […]