Ce jour là, le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba est assassiné. Ce documentaire diffusé sur la chaîne belge RTBF (La une), en janvier 2011, revient sur les circonstances et les acteurs de la mort de celui qui était alors le premier Premier ministre du Congo indépendant.
Le professeur Jean Omasombo Tshonda, rapporta ceci à propos de la mort de Lumumba:
Lumumba fut tué avec toute la fureur déchaînée propre aux prédateurs agacés. Son corps fut « détruit »3 par eux jusqu’au dernier morceau car rien de lui ne devait subsister. Gérard Soete (1978) décrit la séquence du dépeçage des corps de Lumumba et de ses deux compagnons Okito et M’polo :
« Dès qu’ils ont déposé les corps auprès des fûts vides et rassemblé leur matériel, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas préparés à ce genre de travail. Ils retournent vers la voiture et boivent du whisky […].
Peu initiés à la tâche, ils commencent à donner des coups de hache et ils entaillent les corps comme des forcenés. Cela ne leur rapporte rien, sauf de la puanteur et des immondices et ils décident de se lier une serviette hygiénique devant la bouche. Schäfer prend la scie à métaux et la jambe du prophète (Lumumba) et commence à scier juste au-dessus du genou, comme s’il s’agissait d’une branche d’arbre. Il dispose le bout de jambe délicatement au fond du fût et continue à séparer un par un les membres du torse. […] Lorsque ne reste plus que le torse et la tête, il se rend tout à coup compte de l’horreur de ses occupations. Denys se tient immobile, telle une statue de pierre et l’éclaire à l’aide d’une torche. C’est Schäfer qui réveille sa haine. La passion se mêle à sa soûlographie. Les doigts s’agrippent avec fermeté dans la chevelure crépue d’apparence métallique, voilà le geste décisif. […] Il met la scie de côté. Elle n’est pas à la mesure de cette tête monstrueuse. Il prend la hache, place le pied sur la mâchoire et détruit le cou ; le souffle lui manque ; il jure comme un diable, maudit tout le monde comme ses frères de race l’ont fait. […] “Je le fais à votre place, espèces de lâches blancs”. C’est une prière grinçante qui sort d’entre ses dents à travers l’ouate de la serviette hygiénique. […] Tout à coup, habité par une immense répugnance, il convoque tous les prophètes nationalistes à la barbiche de bouc et aux lunettes de cheval, tous les chuchoteurs aux chapeaux de soie et aux fausses promesses de son propre pays. Avec la férocité de sa haine, il donne le coup de hache qui sépare les dernières vertèbres du cou, reprend la tête puante dans ses mains et crache dessus. Puis, la tête posée sur ses bras croisés, il s’assied au milieu du liquide qui souille l’herbe, et commence à sangloter. À côté de lui, le torse sans membres. À ses pieds se trouve la tête, un objet impossible. »
Aujourd’hui, nous connaissons beaucoup de choses sur la mort de Lumumba. Les hypothèses fantaisistes développées au moment du crime ont été balayées, surtout au cours des années 1990. Certains acteurs, comme F. Verscheure, ont fourni des indications saisissantes sur l’épisode du drame, même si d’autres complices survivants s’efforcent encore de dissimuler leur responsabilité ; les seconds rôles et les interventions des subalternes sont mieux connus que la participation effective des autorités et des personnalités responsables. Car la mort de Lumumba reste embarrassante. « Chaque fois que ce nom est cité à une occasion, dira à la fin des années 1980 Victor Nendaka, régulièrement l’atmosphère de fête se détériore »