• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

Congo, se tenir debout ou disparaître: la souveraineté ne se mendie pas

Congo, se tenir debout ou disparaître: la souveraineté ne se mendie pas

Congo, se tenir debout ou disparaître: la souveraineté ne se mendie pas 1500 1000 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

Le 30 juin 1936, Haïlé Sélassié Iᵉʳ prononçait un discours mémorable devant la Société des Nations. Face à l’agression fasciste, il lançait un cri de dignité, affirmant le droit inaliénable des peuples à exister par eux-mêmes : « Sur cette terre, aucune nation n’est supérieure à une autre ». Aujourd’hui, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont saisi cette vérité et en ont fait leur mantra de lutte : assurer leur souveraineté avant de dépendre des autres.

Ne pas se fier à soi, c’est déjà perdre. C’est renier son existence, un aveu d’infériorité qui trahit une méconnaissance de soi. Or, qui ne se connaît pas ne peut résister ni lutter, car il ignore ce qu’il défend. N’est-ce pas ce que Sun Tzu prêche dans L’Art de la guerre : « Connaître son adversaire et surtout se connaître soi-même, c’est la clef pour être invincible » ? Alors, quel est l’intérêt d’être Congolais si l’on ne peut pas s’affirmer comme tel ? Se dire « Congo » sans incarner sa souveraineté, c’est porter un nom vide de substance.

La libération ne se mendie pas

C’est dans ce contexte que nombreux font appel à la SADC, à l’EAC, à l’ONU, à la Russie, à la Chine, aux États-Unis… Mais ces recours extérieurs sont juste le symptôme d’une aliénation profonde.

Avoir foi en l’Europe ou en d’autres institutions est une illusion. La libération ne vient pas d’une instance extérieure, mais d’un sursaut intérieur.

Ceux qui n’ont pas lu Frantz Fanon ignorent que la libération ne se mendie pas : elle s’arrache, elle se construit par la prise de conscience et l’action. L’erreur des Africains, alléguait Frantz Fanon, n’est pas seulement d’avoir cru à la neutralité de l’ONU, mais d’avoir sous-estimé la constance et la radicalité de l’impérialisme. L’ennemi ne disparaît jamais réellement ; il change de stratégie. Il ne renonce pas, il ajuste ses méthodes.

Fanon écrivait :
Des Africains ont cautionné la politique impérialiste au Congo, ont servi d’intermédiaires, ont cautionné les activités et les singuliers silences de l’ONU au Congo. Aujourd’hui, ils ont peur. Ils rivalisent de tartufferies. […] Le tort de Lumumba a été, dans un premier temps, de croire en l’impartialité amicale de l’ONU. [j’aouterais de l’Europe…] Il oubliait singulièrement que l’ONU, dans l’état actuel, n’est qu’une assemblée de réserve, mise sur pied par les Grands pour continuer, entre deux conflits armés, la lutte pacifique pour le partage du monde. » C’est une leçon cruciale.

Avoir foi en l’Europe ou en d’autres institutions est une illusion. La libération ne vient pas d’une instance extérieure, mais d’un sursaut intérieur. Un conflit interne ne nécessite ni l’intervention de la SADC, ni celle de l’ONU. Alors, il doit être porté par l’homme congolais lui-même, guidé par sa volonté, son courage et sa vision. L’émancipation est un acte endogène, une dynamique née du peuple lui-même, et non d’une aide extérieure.

Le Congo veut-il être un sujet ou un objet dans ce grand théâtre du monde ?

Pourtant, l’histoire regorge d’exemples. Lors de l’occupation nazie, des Suédois et des Danois ont dû affronter, dans une lutte sans merci, d’autres Suédois et Danois qui avaient choisi de collaborer avec Hitler. L’histoire des peuples est une lutte permanente entre ceux qui se soumettent et ceux qui choisissent la souveraineté.

L’histoire appartient à ceux qui osent s’organiser, qui comprennent le terrain et qui savent anticiper les mouvements de l’adversaire. L’histoire s’écrit avec ceux qui osent se tenir debout, non avec ceux qui demandent la permission d’exister.

Aujourd’hui, Goma peut tomber. Bukavu demain… Peu importe. Les autres peuples ont pris les armes pour défendre leur souveraineté. Pourquoi pas nous ? Nous nous inscrivons dans cette logique.

Chaque idée posée, chaque mot écrit, chaque prise de conscience est déjà une bataille remportée. Désormais, il ne s’agit plus seulement de dénoncer, mais d’agir avec méthode, intelligence et stratégie. Ne dit-on pas que l’histoire appartient à ceux qui osent s’organiser, qui comprennent le terrain et qui savent anticiper les mouvements de l’adversaire. L’histoire s’écrit avec ceux qui osent se tenir debout, non avec ceux qui demandent la permission d’exister.

La conquête du pouvoir est une guerre de perceptions, de volontés et d’audace. Toujours des interrogations, encore et toujours. Le Congo veut-il être un sujet ou un objet dans ce grand théâtre du monde ? Jusqu’à quand attendrons-nous pour écrire nous-mêmes notre propre histoire ? Plus de 30 ans de « domination » noire (subalterne) et africaine de l’Ouganda et du Rwanda ne suffisent-ils pas ?

Likambo oyo eza likambo ya mabele, likambo ya makila.

Mufoncol Tshiyoyo
Think Tank La Libération par la Perception (LP) et
Membre du mouvement La Dissidence D.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).