Par Jean-Pierre Mbelu
« Quand croit le péril, croit aussi ce qui sauve. » – Hölderlin
Pour rappel, le 02 août est une date symbolique très importante pour le Kongo-Kinshasa. Accompagné au pays par les rwandais et les ougandais lui menant une guerre raciste de prédation et basse intensité , Mzee Laurent Kabila leur demanda de retourner chez eux. Il prit cette initiative en étant poussé par les manifestions organisées par ses compatriotes contre les occupants.
Une victoire populaire accompagnée d’une chanson
Le 02 août peut être considérée comme un jour de la victoire du peuple kongolais. D’un peuple poussant ses gouvernants à agir. D’un peuple debout et décidé à en découdre avec des infiltrés au service des globalistes apatrides et de leurs valets.
Le 02 août peut être considérée comme un jour de la victoire du peuple kongolais. D’un peuple poussant ses gouvernants à agir. D’un peuple debout et décidé à en découdre avec des infiltrés au service des globalistes apatrides et de leurs valets.
Pour rester debout dans sa lutte contre ces infiltrés, ce peuple, amoureux de ses musiciens et de sa musique, fut accompagné d’ une chanson ayant une profondeur inégalée. « Tokufa po na Kongo », une chanson mobilisatrice, fut composée par Souzy Kaseya.
Qu’en dit-il lui-même? Il dit ceci : « Une œuvre que j’ai conçue entièrement tout seul sous l’inspiration du Saint Esprit durant la nuit du 5 au 6 Août 1998 après avoir été sollicité par SE le Ministre Didier Mumengi. Le tout premier chanteur à avoir été contacté, à cause de sa proximité avec mon domicile jadis de Limete est bel et bien Marie Paul Mwant Yanv. Marie Paul m’amènera ensuite Manda Chante à qui j’avais confié la charge de contacter tous les autres chanteurs de talent présents à Kinshasa au moment où je réalisais ce légendaire Opus. »
« Ce légendaire Opus » résuma les grandes lignes de l’histoire du pays et invita les Kongolais(es) à se lever, à lutter pour leur pays. Tout ça dit en lingala participe de la production du « nous », d’un « nous » riche de sa diversité. « Batata, bamaman, bilenge botombola mandoki eee, mpo tokende etumba, mpo tobunda po na ekolo na biso Kongo ». Et ce Kongo est décrit comme étant riche de son sol, de son sous-sol, de ses eaux, de ses forêts ; mais aussi de ses »batu » ya mpiko, ya buanya, mpe ya mayele. » « Ce legendaire Opus » eut une bonne dimension panafricaine. Elle fit allusion aux pays africains (Angola, Namibie, Zimbabwe) qui répondirent à l’appel du Kongo pour bouter les ennemis dehors.
Chanter encore « Tokufa po na Kongo »
En commémorant le génocide kongolais le 02/08, il aurait été souhaitable que « Tokufa po na Kongo » soit chanté. Cette chanson est d’une richesse inimaginable. Elle est patriotique dans la mesure où elle dit l’attachement au pays pour lequel les Kongolais peuvent mourir dans leur immense pluralité. Elle les enracine dans leurs traditions culturelle et politique. Elle incite à la cohésion sociale, à la production du « nous » kongolais. Elle invite les papas, les mamans et les jeunes à prendre les armes et à résister contre l’envahisseur. Les « bantu » kongolais sont invités à se mettre debout sans aucune allusion à leurs tribus, leurs clans ou leurs ethnies.
Répondre aux attentes du peuple (debout) crée un lien (et une complicité) entre le chef (et son équipe) et le peuple. Un chef à l’écoute du peuple devient mobilisateur. Et un peuple mobilisé sur le temps long derrière un bon leadership d’équipe devient sujet de son histoire. Il devient le démiurge de sa propre destinée.
« Tokufa po na kongo » enseigne que la diversité kongolaise fait la richesse du pays et que la victoire sur ses ennemis est possible dans l’unification des « bantu » kongolais. Et que cette diversité unifiée doit être préservée. Il y va de l’émancipation, de la libération et de la souveraineté du pays.
Cette chanson enseigne aussi qu’un chef ayant répondu aux attentes de son peuple (debout) peut le mobiliser. Répondre aux attentes du peuple (debout) crée un lien (et une complicité) entre le chef (et son équipe) et le peuple. Un chef à l’écoute du peuple devient mobilisateur. Et un peuple mobilisé sur le temps long derrière un bon leadership d’équipe devient sujet de son histoire. Il devient le démiurge de sa propre destinée.
Cette chanson invite à la vigilance pour éviter « le baiser de Juda » de faux amis et voisins et de faux partenaires « classiques ». Elle enseigne enfin que la richesse du Kongo n’est pas que celle de son sol et de son sous-sol ; mais aussi celle de ses « batu ». C’ est toute cette richesse qui est enviée, dont les prédateurs et leurs vassaux veulent s’emparer et que la politique du « diviser pour régner » veut déstructurer.
Commémorer, c’est poser plusieurs actes à la fois
Commémorer le 02/08, c’est penser à la remobilisation du peuple kongolais et à la lutte contre les forces d’abrutissement, d’assujettissement, d’appauvrissement et idiocratisantes.
Commémorer le génocide kongolais, c’est à la fois inciter le peuple à garder vivante sa mémoire, éveiller sa conscience historique et lui rappeler son rôle d’acteur majeur dans le renversement des rapports de force internes au pays. C’est organiser, sur le temps long, la désinfiltration des institutions du pays en rendant justice aux victimes du génocide et à tous les Kongolais.
La musique « ndombolisante », l’évangile de la prospérité et « les concerts dits religieux » à répétition, les nuisances sonores et la clochardisation de la jeunesse sont des poisons. Ils neutralisent les coeurs et les esprits les rendant incapables de pensées libératrices.
Commémorer le génocide kongolais, c’est à la fois inciter le peuple à garder vivante sa mémoire, éveiller sa conscience historique et lui rappeler son rôle d’acteur majeur dans le renversement des rapports de force internes au pays. C’est organiser, sur le temps long, la désinfiltration des institutions du pays en rendant justice aux victimes du génocide et à tous les Kongolais. (L’une des façons de rendre justice à tous les Kongolais, c’est d’organiser, en permanence, leurs accès aux droits et aux libertés fondamentaux et de promouvoir la justice sociale.)
Conclusion : un peuple et pas une masse populaire
En effet, un peuple uni dan sa diversité, courageux et ayant une bonne maîtrise collective de son histoire, de ses traditions et de culture, conscient des objectifs de ses luttes et connaissant les jeux et les enjeux de la guerre perpétuelle qui est livré à son pays impose ses vues à ses gouvernants et/ou infléchit les leurs afin de les inciter à négocier, à dialoguer, à produire ensemble une intelligence collective libératrice.
Le peuple kongolais ne devrait pas oublier que c’est lui qui a imposé la date du 02 août pour la célébration du génocide kongolais. La fin de ce génocide dépend de sa mobilisation, de sa capacité de bousculer le narratif officiel et de dire non au néocolonialisme. Ici il est question du peuple devenu une masse critique. Il ne s’agit pas des masses populaires abêties et esclaves du pain et des jeux. L’histoire témoigne que les Kongolais(es) peuvent devenir un peuple debout et lutter sur le temps long.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961