Par Jean-Pierre Mbelu
« Dans les sociétés défaillantes, il y a mille sots pour chaque esprit éclairé, et mille paroles grossières pour chaque mot conscient. La majorité reste toujours ignorante, et l’homme raisonnable est constamment vaincu. » – Anton Tchekhov
Il y a déjà quelques semaines qu’une jeune politicienne kongolaise, Gloria Sengha, a retrouvé sa liberté. Le souhait aurait été qu’un procès organisé en bonne et due forme aide ses compatriotes à comprendre pourquoi elle a été arrêtée et mise au secret. Car, affirmer comme Gloria que « ba kongolais balembi pasi » ne pourrait pas constituer un motif suffisant d’une arrestation.
Voir se lever des jeunes gens et des jeunes filles
En principe, le pays devrait être content de voir se lever des jeunes gens et des jeunes filles capables de décrier, sur la place publique, les souffrances des masses populaires kongolaises.
Le fait que le pays soit dans une guerre de prédation et de basse intensité menée par procuration ne devrait pas être une raison suffisante pour imposer un narratif officiel appauvrissant la pensée plurielle.
Le fait que le pays soit dans une guerre de prédation et de basse intensité menée par procuration ne devrait pas être une raison suffisante pour imposer un narratif officiel appauvrissant la pensée plurielle. En effet, la politique digne ce nom vit du pluralisme d’opinions et de la pensée plurielle. Vouloir imposer un narratif officiel, c’est l’appauvrir. Elle vit de la production de l’intelligence collective. Et celle-ci est autonomisante, émancipatrice des forces de la mort et libératrice.
Elle atteste tout simplement que du choc des idées surgit la lumière.
Un Kongo-Kinshasa en pleine refondation a besoin de la pensée plurielle et surtout de l’audace intellectuelle de sa jeunesse. Branchée sur d’autres jeunesses de l’Afrique, elle croit en la souveraineté du continent mère et a soif de produire des liens panafricains salvateurs.
La dynamique est là et inarrêtable…
Fortifi Lushima s’inscrit dans cette dynamique. Son verbe est clair et limpide. Supposons qu’il ait dépassé les limites du « permis », la moindre des choses aurait été qu’il soit traduit en justice et qu’il fournisse les moyens de sa défense. S’il a été un peu plus exigeant à l’endroit de Fatshi, il aurait répondu à son appel. Voici ce Fatshi disait il y a quelques années déjà : « Je ne comprends pas pourquoi des gens meurtris, affamés, frappés par le chômage et tous genres de calamités chantent à notre gloire alors qu’ils devraient nous exiger plus comme c’est le cas en Occident ».
Arrêter Fortifi au secret pourrait être un signe de manque de lucidité. La dynamique est là. Elle est inarrêtable…
Les jeunes ayant compris qu’ils ne devraient pas chanter à la gloire des politiciens et des autres compraodres vendant le pays à vil prix ont leur place à la cité pour participer de l’épanouissement et à la production de l’intelligence collective et non dans les cachots tenus secrets.
Fortifi Lushima est un caillou dans le soulier de Constant Mutamba, Ministre de la justice. Il devrait prouver à l’opiion publique qu’il assure une justice équitable.
De toutes les façons, Urgences Panafricanistes RDC, le mouvement émancipateur et souverainiste auquel appartient Fortifi Lushima, est un signe annonciateur d’un autre Kongo et d’une autre Afrique. Ses douleurs d’enfantements sont des signes des lendemains différents. Le Kongo et l’Afrique seront panafricanistement souverains ou ils n’existeront pas. C’est une question existentielle. Arrêter Fortifi au secret pourrait être un signe de manque de lucidité. La dynamique est là. Elle est inarrêtable…
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961