Source: La Libre Belgique. L’édito de Marie-France Cros.
On peut discuter le bien-fondé de la décision de la Cour constitutionnelle sénégalaise, dont les cinq juges avaient été nommés par le président Wade, d’autoriser celui-ci à briguer un troisième mandat, parce que l’interdiction en a été adoptée en 2001 alors qu’il avait entamé le premier l’année précédente.
On peut difficilement éviter de trouver cette décision suspecte lorsqu’on sait que la même Cour a évincé de la course le très populaire chanteur et homme d’affaires Youssou N’Dour, sous prétexte que 4 000 des 12 000 (au lieu des 10 000 requises) signatures qui soutenaient sa candidature à la présidentielle étaient celles d’analphabètes, alors que la Constitution sénégalaise n’instaure pas de suffrage capacitaire.
La décision a provoqué des protestations parce qu’elle rapproche le Sénégal du gouffre qu’il a été, sur le continent, un des rares à éviter : celui de la dictature.
Tchad, Burkina, Ouganda ont modifié leurs Constitutions pour permettre à un autocrate de briguer un troisième mandat. En Côte-d’Ivoire, en Ethiopie, au Kenya, des Présidents défaits par les urnes ont refusé, par la violence, de quitter leur fauteuil. Au Congo-Kinshasa, au Togo, au Gabon, des fils ont carrément succédé à leurs puissants pères, comme si ces républiques étaient des royaumes. Enfin, on ignore qui a été élu Président à Kinshasa.
Si l’Occident continue à fermer les yeux au nom de la stabilité, il ne restera, en Afrique, que la violence pour imposer l’alternance démocratique.
Et j’ajouterai que tous les pays du monde ont subi une injustice un moment donné dans l’histoire et l’a toujours résolvé par l’action et la violence.
Il n’y a que le peuple africain qui veut changer le système par la
demande et la prière…
« Ne demandez jamais à votre colon de vous décolonniser ».