Par Mufoncol Tshiyoyo
Les jours passent. Les semaines s’effacent. Mais à Goma et Bukavu, le soleil continue de se coucher. Avec lui, l’espoir s’amenuise. Désormais, leurs regards se tournent vers l’Amérique. Les États-Unis. On y attend une « intervention » au Congo, comme on attend la pluie dans le désert.
Mais à force d’attendre, une question devient incontournable : Qui dirige le Congo ? Et demain, qui croit encore le diriger ? Est-ce un blasphème de poser la question ? Un manque de respect ? Puisque la sécurité nationale semble confiée à Washington, alors demandons : Qui tient la barre ? Et pour combien de temps ?
Un contrat ou une abdication ?
Aujourd’hui, pour maquiller le vide, on impose un refrain unique : « Le contrat avec l’Amérique. » Je ne suis pas obsédé. Non. Je veux simplement comprendre : Ce contrat, est-ce une alliance ou une abdication ? Ils nous répondront : « Ce contrat n’est pas un transfert de souveraineté. » Je répondrai : Les vrais transferts ne s’écrivent pas en lettres grasses. Ils s’imposent. Dans le silence. Dans les habitudes. Dans la dépendance. Dans ces chaînes qu’on ne sent plus.
Aujourd’hui, pour maquiller le vide, on impose un refrain unique : « Le contrat avec l’Amérique. » Ce contrat, est-ce une alliance ou une abdication ? Qui décide aujourd’hui ? Qui a le dernier mot sur les armes, la sécurité, les ressources ? Si ce n’est pas Washington, alors qu’on dise son nom. Sinon, qu’ils se taisent. Ou qu’ils admettent que signer avec un empire revient à lui remettre les clés.
La plupart de ceux qui défendent ce pacte, avec l’assurance des insouciants, ignorent — ou feignent d’ignorer — qu’un accord signé dans la peur, l’urgence, ou l’illusion, n’est jamais neutre.
Et si vous trouvez cela excessif, alors dites-moi ceci : Qui décide aujourd’hui ? Qui a le dernier mot sur les armes, la sécurité, les ressources ? Si ce n’est pas Washington, alors qu’on dise son nom. Sinon, qu’ils se taisent. Ou qu’ils admettent que signer avec un empire revient à lui remettre les clés.
De Dieu à Washington : qui détient les clés ?
Si, demain, l’Amérique – devenue maîtresse du Congo – décidait, par orgueil, de choisir un autre homme, un autre clan, un autre proxy… Parce que rien ne garantit la parole donnée de l’Amérique. Alors, que diront ceux qui croient avoir sécurisé leur pouvoir par des contrats miniers ? Qui accusera-t-on à ce moment-là ?
Hier, le Congo fut confié à Dieu. On le pria. On lui remit les clés dans un stade, les mains en l’air, les yeux fermés. Aujourd’hui, on les remet à Washington. Cela signifie-t-il que Dieu a échoué ? Alors, comment espérer que l’Amérique réussira là où même Dieu le Père a failli ?
Parfois, on nous pousse à entrer dans des débats que nous préférerions éviter. Mais c’est notre pays. Alors, malgré nous, nous y entrons.
Souvenez-vous : Hier, le Congo fut confié à Dieu. On le pria. On lui remit les clés dans un stade, les mains en l’air, les yeux fermés. Aujourd’hui, on les remet à Washington. Cela signifie-t-il que Dieu a échoué ? Alors, comment espérer que l’Amérique réussira là où même Dieu le Père a failli ? Et surtout : Depuis quand César Borgia fait-il office de sauveur ?
Que reste-t-il à « finir » ?
Ils commentent la maladie supposée ou non de Paul Kagame, alors que c’est l’Amérique qui décide au Rwanda. Et ailleurs, on coupe des rubans, on inaugure des bâtiments. Cela ne constitue pas un crime. Mais quand on sourit aux caméras, à Goma et Bukavu, les délégués de l’ONU — sous bannière américaine — s’asseyent avec des groupes armés. Des hommes de main. Des proxys. Giuliano Da Empoli les appellerait : « Des intrus… qui maîtrisent le souffle de feu. » (L’heure des prédateurs, 2025 : 11)
A Bukavu, des Congolais résistent. Avec rien. Avec la dignité pour seul fusil. Face à eux, des étrangers armés jusqu’aux dents. Personne pour les protéger. Dire ou écrire cela serait une offense ? Contre qui ? Contre quoi ?
Et nous ? Nous, citoyens d’un territoire de 2 345 000 km², occupé, pillé, trahi ? On nous demande d’attendre. D’apprendre la patience en comptant : 2026. 2027. 2028.
Dans l’idée d’achever un foutu mandat. Mais que reste-t-il à « finir », quand le pays s’effondre et que le chaos s’incruste dans la chair de la population ? Pendant ce temps, à Bukavu, des Congolais résistent. Avec rien. Avec la dignité pour seul fusil. Face à eux, des étrangers armés jusqu’aux dents. Personne pour les protéger. Dire ou écrire cela serait une offense ? Contre qui ? Contre quoi ?
2028 : une promesse ou une tombe ?
Soudain, ceux qui ont juré le silence redécouvrent aujourd’hui la nationalité étrangère du « Fils de l’Autre ». Un secret de Polichinelle, étouffé trop longtemps. Alors, pourquoi ce réveil si tardif ? Pourquoi cette mémoire à trous ? Pourquoi dénoncer celui-ci, mais pas Ruberwa, ni les autres ? Nombreux, parmi ces « étrangers », sont ceux qui siègent avec les dénonciateurs du jour, au sein même du « gouverne-ment ». Or, pendant que l’on criait nier, les mêmes affirmaient : »J’ai accepté l’inacceptable. » Non. Le Congo est tout sauf un royaume d’oubli.
À Goma et Bukavu, territoires meurtris, on inaugure des pactes… mais on enterre des peuples. Et pendant qu’on leur promet 2028, ils survivent dans l’attente, sans garantie d’aurore. Nous n’attendrons pas 2028.
Le Congo est la propriété de chacun de nous. Et nous ne serons pas complices par le silence. Nous ne serons pas spectateurs de notre propre disparition. Alors qu’ils le sachent : Nous sommes encore là. Éveillés. Lucides. Et prêts. Nous ne demandons pas la permission. Nous reprendrons la parole. Et, s’il le faut, nous reprendrons le Congo.<
À Goma et Bukavu, territoires meurtris, on inaugure des pactes… mais on enterre des peuples. Et pendant qu’on leur promet 2028, ils survivent dans l’attente, sans garantie d’aurore.
Nous n’attendrons pas 2028. Nous reprenons les choses en main. Maintenant.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T. – L’Étincelle, un homme libre