Par Jean-Pierre Mbelu
Est-ce vrai qu’il suffit d’être souverainiste pour rompre avec le système capitaliste ? Tel est le débat que certains milieux politiques et journalistes évite. Surtout, lorsqu’il s’agit de « grandes puissances » et de leurs partenariats géoéconomiques, géopolitiques et géostratégiques.
Le capitalisme planifié de la Chine dans sa course vers le socialisme ne remet pas en question son attachement à sa souveraineté, à son ouverture au marché gagnant-gagnant et au principe de la sécurité partagée.
Le pays de Trump est aussi celui de Warren Buffet
Avant de sombrer dans le capitalisme financiarisé, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont pratiqué le capitalisme productif en appliquant le principe du protectionnisme sans aucun problème pour leurs économies. Noam Chomsky explique cela de la magnifique manière dans son livre intitulé « Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIème siècle » (Paris, Lux, 2010).
En pratiquant le protectionnisme, en rejetant « la climatologie » et en luttant contre l’immigration, Trump et son équipe affirment qu’ils voudraient que tous les américains profitent des retombées du retour au capitalisme productif.
Le MAGA de Trump semble être une façon de renouer avec ce capitalisme qui a porté la puissance anglo-saxonne. Néanmoins, les vues des USA et de la Grande-Bretagne donnent l’impression d’être de plus en plus divergentes dans la mesure où le pays de Margaret Thatcher aurait du mal à rompre avec l’économie financiarisée.
Le MAGA porte une ambition : rendre sa grandeur à toute l’Amérique. Les partisans de Trump le disent haut et fort. En pratiquant le protectionnisme, en rejetant « la climatologie » et en luttant contre l’immigration, Trump et son équipe affirment qu’ils voudraient que tous les américains profitent des retombées du retour au capitalisme productif.
Mais le pays de Trump est aussi celui de Waren Buffet, la troisième fortune américaine en 2016, qui soutient la thèse ci-après : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais, c’est ma classe, la classe des riches qui la mène et nous sommes en train de la gagner.[1] »
L’opposition entre les partis politiques et la lutte des classes
L’opposition entre les partis politiques du monde actuel évite de rendre compte de cette guerre des classes. Même celle de certains souverainistes contre les mondialistes ne semble pas en tenir compte. De quel côté seraient, par exemple, les riches du MAGA ? Du côté du peuple et/ou de la « super-classe »? Oublier la lutte des classes et le poids des oligarques d’argent et de leurs supplétifs dans un monde où le fait économique dicte la ligne à tenir au fait politique serait une erreur grave pour ceux et celles qui veulent participer à l’avènement d’un monde respectueux de la Charte de l’ONU.
Oublier la lutte des classes et le poids des oligarques d’argent et de leurs supplétifs dans un monde où le fait économique dicte la ligne à tenir au fait politique serait une erreur grave pour ceux et celles qui veulent participer à l’avènement d’un monde respectueux de la Charte de l’ONU.
Suffit-il de s’affirmer souverainistes pour être capable de transcender la lutte des classes et la stratégie du chaos (pour le profit) entretenue par le capitalisme de la dépossession et de la finitude?
A ce point nommé, une lecture attentive d’Arnaud Orain[2] serait très intéressant. Il révèle l’ambition de certains proches du MAGA de recoloniser le Sud Global.
Rompre avec la pensée duelle
Il serait peut-être plus que temps de rompre avec la pensée duelle pour être sensible à l’histoire et aux faits dans un monde où commence à manquer cruellement un ordre juridique contraignant pour tous. Il faut revenir aux livres. Dieu, merci ! Les amoureux du débat et de la pensée les écrivent encore.
Babanya Kabudi
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[1] M. GEOFFROY, La super-classe mondiale contre les peuples, Versailles, Via Romana, p. 21. [2] A. ORAIN, Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIe-XXIe siècle), Paris, Flammarion, 2025.