Par Jean-Pierre Mbelu
« Victimes d’un nihilisme générationnel, des jeunes en rupture avec leurs familles et leur milieu souffrent de ce que l’historien François Hartog nomme le Présentisme, ce régime d’historicité qui abolit tout lien avec le passé et toute projection dans le futur, enferment ainsi l’individu dans un présent sans issue. Face à ce monde stérile, incapable de produire du sens, de plus en plus de jeunes plongent dans le nihilisme destructeur. »
– F. GHARBI
Jean-Claude Michéa a écrit un livre merveilleux intitulé « L’enseignement de l’ignorance et ses conditions ». Ce titre est magnifique. Nous devrions être nombreux à avoir ce petit livre à nos chevets et à l’avoir lu à plusieurs reprises. Il nous apprend, entre autres, que les valeurs que nous chérissons et/ou vénérons sont le fruit des luttes. Il y a eu des hommes et des femmes qui ont accepté de sacrifier une partie ou la totalité de leur vie pour que ces valeurs triomphent. Ces hommes et ces femmes avaient compris qu’il y allait du sens à donner à leur vie. Sans ce sacrifice « originaire », nous n’aurions pas , longtemps après ces héros, à magnifier les valeurs de paix, de justice, de respect mutuel, d’amour de l’altérité, de compassion, de solidarité, etc.
Ces enseigneurs de l’ignorance sont en train de se démultiplier au Kongo-Kinshasa. Ils répètent à qui veut les entendre que les maîtres de l’hégémonie contestée (du monde unipolaire) sont les bienfaiteurs du pays. Ils sont tellement enthousiastes qu’ils ont fini par corrompre la capacité de comprendre du plus grand nombre.
Obtenir des journées de congé payé, une retraite après des services rendus, la paix après des luttes acharnées, la justice (re)distributive après les soulèvements populaires, les journées de 8 heures de travail, la paix après la guerre du Vietnam, etc., cela n’a pas été offert. Non. C’est le fruit des luttes et des sacrifices énormes. Les enseigner à l’école a requis des luttes pour leur reconnaissance.
Les enseigneurs de l’ignorance sont en train de gommer tout ce passé des luttes pour magnifier les cadeaux offerts par quelques sauveurs dont la philanthropie aurait concouru à leur expansion pour le plus grand bonheur du plus grand nombre. C’est une lecture tronquée et fantaisiste de l’histoire des luttes.
Ces enseigneurs de l’ignorance sont en train de se démultiplier au Kongo-Kinshasa. Ils répètent à qui veut les entendre que les maîtres de l’hégémonie contestée (du monde unipolaire) sont les bienfaiteurs du pays. Ils sont tellement enthousiastes qu’ils ont fini par corrompre la capacité de comprendre du plus grand nombre. Enfermés dans « le présentisme », ils refusent les leçons de l’histoire et ils ne projettent le Kongo-Kinshasa dans l’avenir qu’en fonction des philanthropes néocoloniaux dont ils nient la défaite et le déclin. Empêtrés dans le déni des évolutions tradicratiques du monde, ils sont les ennemis acharnés du « traditionnalisme héroïque » dans sa fidélité à l’ancrage culturel pouvant féconder les promesses radieuses d’un pays plus beau qu’avant au coeur de l’Afrique.
Les enseigneurs de l’éveil ont le devoir patriotique de pouvoir contrer ces vendeurs d’illusions. Mufoncol Tshiyoyo s’y prend tellement bien que ces « ce que je pense en homme libre » se partagent très bien et régulièrement. L’espoir est permis. L’attaque du talon d’Achille des enseigneurs de l’ignorance et de leurs maîtres se peaufine très bien. Ici, la lenteur de la pensée perspicace oblige…
Babanya