L’analyste politique jean-Pierre Mbelu révèle le véritable rôle de l’ONU au Congo, démontre comment sa résolution du 28 mars 2013 est une bombe pour le Congo et les forces de résistance congolaises, expose les raisons pour lesquels les acteurs pléniers de la guerre orchestrent le chaos permanent au Congo et explique pourquoi nous n’avons plus d’institutions dignes de ce nom en RDC.
Sur la résolution de l’ONU
Ceux qui prétendent avoir le pouvoir au Congo ne l’ont pas. Quand Mende et Tshibanda parlent, c’est tout simplement pour nous donner l’illusion qu’ils font de la politique. Ils ne font rien d’autre qu’exécuter les ordres qui sont donnés de l’extérieur.
Tout ce qui se fait chez nous doit pouvoir être contrôlé par l’ONU, qui est le véritable responsable du Congo. C’est l’ONU qui assume réellement, au Congo, les fonctions régaliennes dévolues à tout Etat souverain. Par ailleurs quand vous lisez la résolution de l’ONU, le M23 n’est pas concerné ni désigné. Cela signifie que le M23 n’est que la face visible de l’Iceberg Rwanda, l’Ouganda et leurs parrains.
Cette résolution est une bombe pour notre pays dans la mesure où elle met toutes les forces de résistance congolaises dans les forces négatives. Et offre un blanc-seing au pouvoir usurpateur de Kinshasa, qui n’est rien d’autre qu’une marionnette aux forces d’occupation.
Sur les objectifs des acteurs pléniers de la guerre au Congo
L’ONU, le gouvernement de Kinshasa, Kigali, Kampala, le M23 sont des boules de billards entre les mains des acteurs pléniers de la guerre au Congo. Ils tirent plusieurs balles à la fois, et essaient de nous faire qu’il y a des antagonismes qui devraient être dépassés entre ces différentes forces. Or ce sont ces mêmes acteurs pléniers qui manipulent ces différentes forces. Ils ne visent qu’une seule chose : la permanence de la guerre, le pillage et le contrôle permanent de nos ressources minières, l’accès à une main d’œuvre à bas coût. Toutes ces manœuvres contribuent à orchestrer un chaos qui rend cette guerre permanente.
Si la guerre prend fin au Congo et dans la sous-région des Grands Lacs, il faudrait que les acteurs pléniers soient traduits en justice, or cette guerre dure pour ne pas en arriver là. Congo, Irak, Afghanistan, Syrie : Ce sont les mêmes acteurs qui organisent le chaos.
Sur la déclaration de l’ambassade russe à Kinshasa de la nécessité de la création d’une armée congolaise efficace et dissuasive
Cet avis qu’il donne est un avis informé, parce qu’il sait comment fonctionne cette communauté internationale. Mais Kinshasa n’a aucune effectivité du pouvoir. Le jour où Kinshasa aura l’effectivité du pouvoir, il devra d’abord commencer par expurger les éléments nuisibles de l’armée congolaise. Le jour où Kinshasa devra vraiment décider de sa politique et de sa diplomatie, il pourra créer une armée républicaine. Mais tout est fait pour que cela ne puisse pas être possible, avec les marionnettes manipulées actuellement.
Sur l’armée congolaise et l’ONU
C’est l’ONU qui assure la sécurité des biens et des personnes au Congo. C’est l’Onu qui assure les fonctions régaliennes au Congo. Mais de temps en temps, elle fait semblant de travailler avec une armée inexistante et avec quelques bandits et criminels. L’ONU essaie de nous faire croire qu’il y a une armée au Congo et qu’elle ne fait qu’aider de manière ponctuelle.
Quand on n’arrive pas à découvrir le vrai fonctionnement de l’ONU chez nous tel qu’il est décrit dans le livre « La République démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion », on ne comprend pas grande chose à ce mode opératoire.
Sur le signalement de soldats rwandais et ougandais en RDC
Nous avons affaire à des joueurs de billards qui travaillent pour une seule cause : une guerre permanente de prédation. Il est important de toujours avoir cela à l’esprit. Si nous perdons de vue la férocité de cette guerre et le cynisme de ceux qui opèrent dans l’ombre pour qu’elle ne prenne pas fin, nous ne comprendrons rien à tout ce qu’on nous raconte. La recrudescence des soldats rwandais et ougandais a eu lieu après la rencontre de Oyo entre Kabila, Kagamé de Sassou Nguesso : ils ont pris le temps de se concerter pour poursuivre la mission qui leur a été confiée.
Sur l’impact négatif sur les populations congolaises de la présence rwandaise au conseil de sécurité de l’ONU
Nos morts ne comptent pas autant que les morts au Rwanda. Tous les rapports rédigés sur les crimes chez nous n’ont jamais été exploités de manière que la plupart des criminels impliqués puissent être déférés devant les cours et les tribunaux. L’impact négatif n’est pas lié au fait que le Rwanda soit membre du conseil de sécurité. L’impact négatif est davantage lié au fait que l’ONU est un instrument de néocolonisation de l’Afrique.
Sur le silence de la communauté internationale autour génocide congolais
Est-ce que la communauté internationale parle des morts irakiens ou afghans et cherche à arrêter les responsables de tous ces massacres et assassinats? Non. Le capitalisme sauvage qui est la matrice organisationnelle de la guerre permanente qui se mène à travers le monde mais aussi au Congo ne comptabilise pas les morts. Le capitalisme sauvage, matrice organisationnelle de la guerre de basse intensité au Congo ne comptabilise pas le coût humain. Ce qui importe, c’est le maximum de profit. Le capitalisme sauvage n’a rien à voir avec la morale, ni avec l’éthique. Si de temps en temps, avec leur lobbying rwandais, on parle du génocide rwandais, c’est pour justifier la permanence de la guerre au Congo, pour justifier le pillage et la prédation chez nous.
Sur l’infiltration de nos institutions
Ce qui se joue aujourd’hui dans notre pays, ce n’est pas de la politique. Nous avons des gens qui ont été désignés pour servir de caisse de résonance à ce qu’on appelle abusivement l’assemblée nationale. Et ces gens là font semblant de faire de la politique. Ils peuvent initier des motions comme ils l’entendent mais uniquement parce qu’ils doivent s’occuper et jouer. Ils ne jouissent d’aucune souveraineté ni légitimité. Toutes nos institutions sont infiltrées par les agences occidentales, qui mènent la politique au sein des ministères. Vous n’entendrez jamais ces fameux députés poser la question de « l’agencification de nos ministères ». Nous n’avons plus de pays, nous n’avons plus d’institutions. Les dés sont pipés.