L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle pourquoi Kabila se comporte comme en terrain conquis et ne va pas changer de cap, rappelle pourquoi, dans le contexte de la guerre de prédation que le Congo subit, les institutions congolaises sont vides de contenus, expose les causes et conséquences de la perte de notre être et explique pourquoi nous devons travailler à une mobilisation citoyenne pour faire face aux multiples défis à relever pour renverser les rapports de force.
Sur la nomination des commissaires spéciaux et le rôle de Kabila en RDC
Cette nomination met sur le tapis la question fondamentale : Est-ce qu’il n’y a pas là une lecture biaisée de l’actualité politique ? Si plusieurs d’entre nous reconnaît que Kabila est un président de fait, et non de droit, est-il normal que nous puissions continuer à lui demander des comptes sur des questions juridiques.
La logique de Kabila est de pouvoir soumettre les congolais le plus possible et travailler à l’avènement de l’empire Hima-Tutsi. Continuer à croire que Kabila, qui est un président de fait, finira par respecter les dispositions juridiques de la constitution adoptée en 2006 me semble être une façon de faire une fausse lecture de la politique congolaise et une fausse approche de la personnalité de Kabila.
Kabila ne se projette dans une nouvelle législature, il se comporte comme en terrain conquis. Tant que nous n’aurons pas compris que Kabila est au pays, non pas par son propre chef, mais qu’il est envoyé, qu’il est en mission, nous allons crier, nous allons pleurer, nous allons évoquer, les textes juridiques, il ne va pas changer de cap.
Sur l’Etat manqué du Congo et les institutions du pays
Il ne peut pas y avoir de démocratie dans un Etat manqué, téléguidé de l’extérieur et servant des causes bien connues.
L’arrivée tardive de ces institutions manifeste qu’elles ne servent absolument à rien, que l’expansion de l’empire Hima-Tutsi et que la soumission des congolais pouvaient se faire sans ces institutions là. Ces institutions sont venues donner l’impression qu’il y avait un processus politique qui s’était enclenché au Congo alors qu’il n’en est rien.
Sur le renversement des rapports de force
Le renversement des rapports de force n’a pas été fait, donc le Congo est dirigé en sous-main par ceux qui ont orchestré la guerre de prédation et de basse intensité qui lui a été livrée depuis les années 1990.
Et à l’heure habitude, ceux qui ont livré cette guerre là s’acharnent sur leurs proies pendant longtemps avant qu’ils ne puissent voir les rapports de force être renversés. Si nous perdons de vue cet élément historique, nous risquons de ne rien comprendre à ce qui est en train de se passer en ce moment.
Sur l’esclavage
Nous avons ainsi aujourd’hui au Congo, une infime minorité, qui s’est sérieusement enrichi aux dépens des majorités congolaises qui vivent dans une pauvreté qui ne dit pas son nom.
Sur la perte de notre être
Sur la nécessaire mobilisation
Sur les défis à relever
Il y a des défis à relever et de manière urgente : Le défi du leadership responsable et visionnaire, le défi du savoir et de la connaissance, le défi de la communication dans un pays où le décervelage est devenu un mode de gestion des populations, le défi du dépassement du cercle congolais pour aller vers un panafricanisme qui pourrait nous aider demain à constituer une Afrique des fédérations.
Parce que nous sommes en train de faire comme si ce Kabila qui est en train de nous distraire n’était utilisé par un système qui veut que le Congo, comme l’Afrique, reste spectateur de la lutte économique qui est menée entre grandes puissances.
Sur les élections et le maintien du régime
Le caractère répressif du régime ne peut pas changer avec les forces néolibérales. Si ce régime change son caractère répressif, les populations, dans leur majorité, vont commencer à réclamer, par exemple, la justice redistributive, la justice sociale. Et pourtant, les forces néolibérales qui travaillent avec ce régime, n’ont pas envie de partager les bénéfices qu’elles gagnent au Congo avec les majorités congolaises. Ce régime va donc se maintenir, encore tout un temps, jusqu’à ce que les masses populaires parviennent à renverser le rapport de force.